A moins d’être ceinture noire en histoire de l’art, le nom de Sayed Haider Raza ne doit pas vous dire grand-chose. Très peu montré en France, où il a pourtant passé la majeure partie de sa vie, ce peintre indien fait enfin l’objet d’une grande expo monographique au Centre Pompidou.
A travers une centaine d'œuvres, le plus contemporain des musées parisiens balaye l’ensemble de sa carrière, de ses débuts figuratifs à son goût plus tardif pour l’abstraction. Formé à Bombay au style nationaliste de l’École du Bengale, Raza s’ennuie ferme et ne cherche qu’une chose : expérimenter. En 1947, il crée le Progressive Artists Group (PAG) qui marque un tournant dans la peinture indienne en associant art tradi de l’Asie du Sud et avant-gardes européennes. En 1950, il fait ses valises, direction Paris.
Si ses premières œuvres à l’huile semblent fortement influencées par l’École de Paris, Raza se détache assez vite de la figuration. Son traitement intense de la couleur – extrêmement bien mis en valeur par l'accrochage et l’éclairage de Beaubourg – atteint son apogée dans des œuvres plus libres que l’on peut rapprocher sans prise de risque de celles des expressionnistes abstraits américains comme Sam Francis et Mark Rothko. En abandonnant paysages et portraits, l’Indien trouve son style, intégrant la figure symbolique du bindu (“point” en sanskrit), souvent peint en noir et “couleur mère” dans la pensée indienne, à des compositions plus psychédéliques. Assez classique, l’expo a pourtant le mérite d’être fluide et parfaitement documentée, nous permettant de rencontrer cette grande figure zappée par les bouquins d’art. Et pour ça, on tire notre chapeau au Centre Pompidou !