60 berges, et toujours frais comme un agneau. Pour célébrer son passage au troisième âge, le Salon de Montrouge invite une symbolique brochette de soixante artistes à s’exposer au Beffroi. Encore une belle pépinière de plus ou moins jeunes espoirs de l’art contemporain (moyenne d’âge : 32 ans), à découvrir jusqu’au 3 juin, dans un joyeux mélange de peintures, photos, sculptures, vidéos, installations, dessins et autres formes d’expression non identifiées.
Et pas que des trucs en forme de pixels, façon surenchère de jeunisme ère YouTube. Au contraire. Portraits, compositions baroques, sculptures organiques… En longeant la première allée, on est d’abord frappé par une jeune création apparemment piquée par la mouche du classicisme. Ici, François Malingrëy ose des fonds dorés pour illuminer ses scènes de plage étranges, sortes de réunions ésotériques échouées au beau milieu de no man’s land sablonneux. Là, Marie Jacotey émet de gros clins d’œil aux comics et au pop art, avec ses saynètes acides sur le vide spirituel de la vie contemporaine. Ailleurs, Marion Bataillard brosse quelques jolies déclarations d’amour à l’art du chevalet tandis que Filip Mirazovic s’abandonne sans retenue à des orgies de symbolisme, sauce rococo. Puis arrivent les cortèges d’œuvres minérales, cosmiques, biologiques : Arthur Lambert et ses « illuminations intérieures », Pascal Couchot et son labo de formes mathématiques, Marion Catusse et ses ossements aux pierres précieuses.
Et là, ça déraille. Nous voilà bel et bien au Salon de Montrouge, avec son lot d’éclectisme explosif, de performances dada-numériques (section ‘AFTERMATH’), de sculptures de Game Boy en carton (Zim & Zou), de kitsch dégoulinant (Vincent Gautier), de mausolées pour souris (Aurélia Zahedi) ou, pourquoi pas, de visions cosmogoniques intersidérales (Elsa Fauconnet). Ca bouillonne, ça dérape, ça tente des choses pour le meilleur plutôt que pour le pire. Il ne reste plus qu’à papillonner d’une œuvre à l’autre sans trop savoir où donner de la tête, heureux de se perdre parmi cette sélection d’artistes (français voire franciliens pour la plupart) affinée notamment par Marc-Olivier Wahler, membre du Collège critique chargé de nommer les lauréats du Salon, qui auront droit à une exposition au Palais de Tokyo en 2016. A l’étage : Jean-Michel Alberola, invité d’honneur de cette édition 2015 s’il vous plaît, déploie néons, tableaux et installations dans le foyer. Une belle cerise sur le gâteau de ce Montrouge 2015, réjouissant comme toujours.
Tous les jours de midi à 19h.
Entrée libre.