On dit d’elle que c’est la première star de l’Histoire. Avant Marilyn, Beyoncé et Kim K, celle qui faisait délirer les foules s’appelait Sarah Bernhardt. Une petite (1,60 m) rousse flamboyante célèbre pour avoir brûlé les planches et inspiré de nombreux créateurs de l’époque, de Nadar à Proust en passant par Jean Cocteau. Il paraît d’ailleurs que ce dernier a inventé l’expression “monstre sacré” juste pour elle. La classe.
Dans une scénographie aussi haute en couleur que sa vie, le Petit Palais réalise la plus vaste rétrospective jamais dédiée à celle que l’on surnommait l’Impératrice, et réunit plus de 400 pièces retraçant l’incroyable vie de l’artiste. Photos intimes, costumes de scène extravagants, affiches iconiques de Mucha et… œuvres d’art signées de sa main.
Muse et actrice adulée, Miss Bernhardt était aussi une peintre et sculptrice avisée, qui a longtemps regretté d’avoir choisi le théâtre plutôt que les arts plastiques. Formée à la peinture dans un atelier de femmes dirigé par Alfred Stevens, elle resta amatrice. Il faut dire que, malgré un talent indéniable pour la nature morte et surtout pour la sculpture (elle reçut une mention honorable du jury au Salon de 1876), les mecs de l’époque préféraient la voir sensuelle dans les toiles de Clairin plutôt que leur égale.
Le très sympathique (non) Rodin cracha du portrait qu’elle fit de sa sœur Régina que c’était “une saloperie de sculpture”. Les caricatures et les pamphlets misogynes dans la presse ont par la suite poussé Sarah Bernhardt à cadenasser ses travaux, rapidement tombés dans l’oubli. Jusqu'à aujourd'hui.