Pour qui ? Ceux qui trouvent que « franchement, l’art, c’était mieux avant »
Voir quoi ? Des photographies emblématiques
On a tendance à conclure nos passages à Beaubourg par la galerie de photographies, souvent sans même nous renseigner sur la programmation. C’est précisément dans cet état d’esprit qu'on a visité l’expo Shunk-Kender, qui tente de survivre écrasée sous le(s) poids de Vasarely, expo blockbuster visible quelques étages au-dessus. Ressortie oppressée par les effets d’optique et la foule de smartphones autour de nous, c’est sans attente particulière qu'on se dirige vers l’exposition de deux photographes dont on n’a jamais entendu parler.
Quelle bonne idée de terminer notre périple par cette expo ! Si les noms de Shunk et Kender ne nous disaient rien, leurs photographies parlent pour eux. Du Saut dans le vide d’Yves Klein (1960) à la Sexlife d’Andy Warhol (1965), toutes les stars des sixties, de Paris à New York, sont capturées dans des clichés en noir et blanc hypnotisant, présentés pour la première fois en France, cinq ans après la donation faite au musée par la Fondation Roy Lichtenstein.
Mais qui sont ces fameux Shunk et Kender qui fréquentaient le gratin de l’art et dont on ne sait pourtant pas grand-chose aujourd’hui ? Formé auprès de Madame d’Ora, l’Allemand Shunk rencontre le Hongrois Kender en 1957. Et aussi bien sur le plan personnel que professionnel, c’est le coup de foudre entre les deux photographes qui finiront par ne faire plus qu’un, signant leurs œuvres d’un unique patronyme durant plus de 15 ans. À l’aube de la performance, les photographies de Shunk- Kender capturent « l’art en train de se faire » et restituent les happenings des nouveaux réalistes, de Villeglé à Niki de Saint Phalle.
Complètement intégrés, ils en viennent à saisir l’intimité de leurs sujets, photographiant Arman dans son bain ou Warhol au pieu avec Edie Sedgwick et Gerard Malanga. Dans une scénographie alternant 50 nuances de gris, on se retrouve propulsé dans un univers nostalgique où les artistes pétaient toutes les barrières de la bienséance, expérimentant et repoussant sans cesse les limites de la création.
Inspirant.