Critique

Stéphane Thidet, Solitaire

4 sur 5 étoiles
  • Art, Installation
  • Recommandé
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Time Out dit

Lorsque l’art contemporain investit un édifice sacré tel que le Collège des Bernardins, toute notre curiosité s’éveille. Engagé pour la création, le fonds de dotation Rubis Mécénat a ainsi donné carte blanche à Stéphane Thidet, jeune artiste de la scène contemporaine, pour s’approprier cet ancien lieu de culte. Un pari pour ce diplômé de l’Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts de Rouen et de Paris qui a déjà fait ses preuves. Notamment avec son refuge 'Inside' au Palais de Tokyo, en 2014. Une cabane en bois grandeur nature, dans laquelle un déluge de pluie ne cessait de tomber. Car le plasticien aime s’amuser à déformer la fonction première d’une matière pour susciter la réflexion et le questionnement. Exposée sous les voûtes du Collège des Bernardins et particulièrement dans l’ancienne sacristie, son œuvre 'Solitaire' est donc en parfaite adéquation avec ses productions précédentes.

En réunissant le matériau bois et l’élément eau, l’installation de l’artiste accapare l’espace pour en proposer une autre vision. Face à ces nouveaux codes, qui nous échappent, l’exploration devient inhabituelle et modifie alors notre compréhension. La nature, synonyme de liberté, se retrouve isolée entre quatre murs et questionne ainsi la fonction de l’espace. Suspendus, les troncs d’arbre effleurent l’eau qui recouvre le sol de quelques centimètres. Un ajustement qui exhale une opposition : la force et la fragilité. A travers les légers mouvements circulaires du bois, le temps ralentit, le silence s’impose et invite à la méditation. Renforcé par la spiritualité du lieu, 'Solitaire' nous coince dans notre concentration. Et l’air frais, provoqué par l’importante quantité d’eau, renforce ce sentiment de repli sur soi.

La subtile luminosité révèle, elle, les reflets des délicates tiges de bois sur le plancher minéral. Se dégage alors une vive ardeur du végétal qui semble prolonger son chemin sous le sol. Par ce même éclairage, les ombres des branches habillent également les murs et enveloppent l’espace, faisant atteindre à l’esthétisme son apogée. Un délicieux moment d’éphémérité divine où la mise en scène reste cependant honnête, sans trucages, puisque les perches sont visibles. Stéphane Thidet ne cherchant pas à dissimuler les éléments de sa composition.

Face à cette installation, les émotions qui s’échappent sont nombreuses, subjectives et surgissent dans un ordre complètement énigmatique. Par conséquent, la traduction manuscrite de l’œuvre reste complexe par sa sensorialité. Chaque détail résulte d’une forte sensibilité et sa danse liquide ne peut alors que bouleverser le visiteur. Mais ce paysage contemplatif reste un instant qui se vit, plus qu’il ne se raconte. 

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