C’est une traversée japonaise d’anthologie, longeant l’océan et reliant Edo à Kyoto. La route du Tōkaidō, parcours de 500 kilomètres traversant des paysages d’exception, a inspiré un grand nombre d’artistes de l’ère Edo (1603-1868) et continue aujourd’hui de fasciner les amoureux d’art nippon, à commencer par les conservateurs du musée Guimet, qui consacrent jusqu’au 7 octobre une expo autour de cet itinéraire de légende, sorte de Route 66 de l’archipel du Pacifique.
L’été s’achève et le métro parisien constitue un paysage bien moins gai que celui des plages visitées quelques semaines auparavant. Heureusement, le musée nous invite à prolonger notre voyage au pays du Soleil-Levant. Suite à la récente acquisition d’un album d’estampes ayant appartenu à Victor Segalen (1878-1919), sinologue, médecin, poète ou encore romancier, le musée des Arts asiatiques nous montre un Japon figé dans le temps, bien loin des néons électriques du Tokyo d’aujourd’hui.
Installé au 2e étage de la Rotonde, l’ensemble de 53 vues du Tōkaidō d’Utagawa Hiroshige nous immerge dans un bleu de Berlin profond et nous donne l’impression d’être un baroudeur du XVIIIe siècle, pipe à la bouche et chapeau sur la tête. La journée commence par un lever de soleil sur le mont Fuji, se poursuit avec une balade le long d’une rivière sinueuse menant à un temple shintoïste, et s’achève avec un thé partagé avec nos nouveaux copains locaux et nomades. Un road trip idéal qui nous éloigne, le temps d’une heure ou deux, de notre chère ligne 13.