On espérait trouver notre « point M » à la fondation Ricard : autrement dit, mettre le doigt sur le « mystery spot » de notre intellect, une notion assez abstraite qui pourrait correspondre, pour schématiser, à l'angle mort du discernement. Mais on est rentrés bredouille. Jeux d'optique, trompe-l'œil, désorientation… Issues de la collection du Centre national des arts plastiques (Cnap), les œuvres présentées à la galerie partagent une même volonté : celle d'induire le regard en erreur, de brouiller les repères spatio-temporels du spectateur, pour le plonger, paraît-il, dans un état d'égarement sensoriel. Ainsi, Davide Balula, Liam Gillick ou Virginie Yassef viennent titiller notre perception au fil d'un parcours assez bref et semé de quelques embûches. Pour en tirer le meilleur parti, et notamment comprendre la démarche complexe d’un Piero Golia (dont les fausses cartes postales cultivent des rumeurs sur un voyage hypothétique qu’il aurait fait aux Etats-Unis) ou d’un Mathieu K. Abonnenc (dont les paysages stylisés reviennent sur le massacre d’explorateurs français par des Indiens Tobas, survenu en Bolivie en 1882), mieux vaut se munir du document explicatif distribué à l’entrée.
Or malgré les commentaires, le résultat, partagé entre art cinétique, miroirs déformants et installations mécanisées, peine à convaincre. Car si la boule motorisée de Jeppe Hein – qui se met à rouler follement dès que le spectateur s’en approche – ou les ciels étoilés de Renaud Auguste-Dormeuil – reproductions exactes du système stellaire tel qu'il apparaissait le soir de Guernica, Hiroshima ou du bombardement de Dresden –, parviennent à nous déstabiliser, l’ensemble ressemble davantage à une expo collective sans saveur qu’à une réelle exploration du monde de l’illusion. Le « point M » devra donc prendre son mal à patience, on n’est pas près de l’avoir localisé.
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