Vingt ans après avoir rangé sa machine à coudre, Thierry Mugler fascine toujours autant le monde de la mode. Celui qui a notamment sapé Cardi B, reine de la dernière Fashion Week, fait l’objet d’une énorme rétrospective au Musée des Arts Déco (ou le MAD, pour les intimes). Après avoir conquis le Canada, les Pays-Bas et l'Allemagne, quoi de plus logique pour l’expo que de terminer sa tournée à Paname, ville qui a fait de Manfred Thierry Mugler une star des podiums ?
Pensée comme un opéra en six actes, l’expo est aussi dramatique et extravagante que celui qu’elle consacre. On découvre le parcours de ce Strasbourgeois d’origine à travers une scéno époustouflante où pas moins de 150 créations se mêlent à des archives photographiques, des vidéos et même des sculptures olfactives. Dès notre entrée dans la nef du MAD, c’est une immense silhouette de Jerry Hall, muse du créateur, qui nous accueille, surplombée du terme “couturissime”. Choix de mot étrange, mais tellement à propos tant les superlatifs ne manquent pas pour qualifier l’expo.
Plus qu’un styliste, c’est un véritable showman que l’on découvre ici. Transformant tour à tour la femme en bête hybride, cyborg futuriste ou superhéroïne, c’est dans des défilés-spectacles hauts en couleur que le designer la met en scène et à travers les clichés de Pierre et Gilles qu’il l’immortalise. La femme Mugler est une “glamazone” au corset serré et aux ambitions assumées. Pas discrète pour un sou, elle est incarnée par des icônes pop, de Diana Ross à Beyoncé, et laisse un parfum entêtant lorsqu’elle quitte une pièce, tantôt ange, tantôt alien. C’est cette folie, ce too much limite vulgaire qui nous séduit ici ! Les lumières sont trop fortes, trop colorées, les salles grouillent d’infos et George Michael et David Bowie se chargent de la bande-son. C’est le bordel, mais p*tain : qu’est ce que c’est beau et rafraichissant !