1. Untitled (Political Parade with Banner), vers 1928-1929, Avec l’aimable autorisation de la galerie Throckmorton Fine Art, New York
    Untitled (Political Parade with Banner), vers 1928-1929, Avec l’aimable autorisation de la galerie Throckmorton Fine Art, New York
  2.   Canana, hoz y guitarra, 1927, Collection et archives de la Fundación Televisa, Mexico
    Canana, hoz y guitarra, 1927, Collection et archives de la Fundación Televisa, Mexico

Critique

Tina Modotti, l’œil de la révolution

5 sur 5 étoiles
Longtemps mise de côté, la photographe Tina Modotti vient faire la révolution au Jeu de Paume
  • Art
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Zoé Terouinard
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Time Out dit

Photographe et militante révolutionnaire italienne, Tina Modotti fait enfin l’objet d’une grande rétrospective française dans un Jeu de Paume qui réhabilite le nom et l'œuvre d’une artiste trop longtemps ignorée. Victime d’une histoire de l’art paresseuse et misogyne, Tina Modotti, compagne du photographe formaliste Edward Weston, a très longtemps été évoquée comme la disciple, voire la muse, de son mec. Pourtant, à voir les 240 tirages réunis à Paris, il n’est franchement pas difficile de parler d’elle comme d’une artiste. 

Débarquée dans un Mexique post-révolutionnaire en 1923, elle devient rapidement l’une des grandes figures intellectuelles du pays, copinant avec Frida Kahlo et Diego Rivera, pour ne citer qu’eux. Frappée par la misère du pays, elle troque son énorme chambre pour un appareil plus compact, lui permettant de descendre dans la rue et de capturer le quotidien du cireur de pompes ou du lavandier du coin. En à peine dix ans de carrière, Tina Modotti réussit à créer un vaste corpus aussi varié que cohérent, où elle explore la photographie de paysage, d’architecture ou encore le portrait, avec toujours la même brutalité. On dit d’elle qu’elle est formaliste, et pourtant, quand Weston s’intéresse aux lignes du monde, elle s’approprie les conseils prodigués par son amant pour réaliser une photographie beaucoup plus humaine et sociale. Un portrait du monde sans artifices où elle semble dépasser le maître, à en croire les comparaisons faites par le Jeu de Paume, dans une expo résolument émancipatrice. 

Modotti ne saurait se satisfaire d’un travail purement esthétique et fait de son appareil photo une arme au service de la lutte des classes. Quitte à doucement faire glisser sa photographie documentaire vers la photo de propagande, comme dans cette superbe composition Hoz, canana y mazorca, une allégorie de la faucille et du marteau. Alors, lorsqu’elle est expulsée du Mexique pour des raisons politiques, elle raccroche l’appareil et, comme grand nombre de ses consœurs, tombe peu à peu dans l’oubli. Jusqu’à cette magnifique exposition.

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