Non, le pop art, ce n’est pas seulement Andy Warhol et ses boîtes de soupe Campbell. Place à Tom Wesselmann (1931-2004), héritier du dada, auquel la Fondation Louis Vuitton consacre une expo qui le place au cœur d’un mouvement qui, sous ses airs flashy, critiquait violemment une société de consommation en pleine frénésie. Ironie du sort : Wesselmann a toujours crié haut et fort qu’il n’était pas un pop artiste, mais cet étiquetage forcé n’en vaut pas moins le détour.
Le spot bling du 16e déroule la vie du peintre américain en fil rouge d’une expo XXL étendue à tous les étages. L’œuvre de Wesselmann, hyper-référencée et exigeante, tranche avec le côté grand public de ses potes pop(u) Warhol, Oldenburg ou Lichtenstein qui paradent dans les musées du monde entier. Qu’à cela ne tienne : la Fondation a passé sa collection au peigne fin, passé quelques coups de fil stratégiques, et voilà un accrochage qui mixe monographie pointue et clash artistique, featuring des pères fondateurs, des contemporains, et des héritiers comme Jeff Koons ou Ai Weiwei. Résultat : plus de 150 pièces grand format qui racontent le pop art sur un angle inédit entre rétro et expo collective – un brin casse-gueule mais ça tient !
Aussi bien inspiré par les courbes de Matisse et Picasso que par les ready-mades de Duchamp, Tom Wesselmann jouait les colleurs géniaux dès la fin des années 50, mixant des images 100 % ricaines avec des éclats de chefs-d'œuvre piqués à ses aînés. Grand admirateur du mouvement dada, il s’approprie les natures mortes pour en faire des installations monumentales, tout en cultivant une fascination assumée pour le nu, visible dans sa fameuse série Great American Nudes. Chez Wesselmann, le corps féminin est partout : tantôt libre, tantôt fétichisé, comme ce gros orteil verni dans Bedroom Painting #1 (1968).
Le parcours, à la fois chronologique et thématique, permet de découvrir un artiste ultra-pionnier, qui intégrait les nouveaux médias pour jouer avec les réalités alternatives, façon petit écran. On imagine qu'il serait aux anges de voir aujourd’hui toute une génération d’artistes numériques se nourrir de ses expérimentations visuelles.