Au milieu du brouhaha des DJ sets et des jeux de lumières, on les entendrait presque vrombir : ces énormes machines au look de tracteurs agricoles ornées de turbines d’hélicos et de châssis de Massey-Ferguson. Issue d’une collaboration décapante entre le bar-club Maison Sage, qui sent encore la peinture fraîche, et Alexandre Faraci, jeune artiste plein de talent, l’exposition met en exergue la culture du Tractor Pulling à travers un riche corpus de photographies.
Un jeune qui en a sous la pédale
Pour cette série, Faraci s’est rendu, non pas dans les confins de l’Amérique profonde, où la discipline a vécu ses premiers balbutiements, mais dans un autre pays de Cocagne pour le Tractor Pulling : la Picardie, là où se déroulaient les derniers championnats de France. En images, on découvre l’idée maîtresse de ce sport mécanique. Des pilotes d’un style nouveau tirent sur plusieurs mètres d’énormes remorques ; le compétiteur est déclaré gagnant lorsqu’il est le dernier à tracter les charrues sans caler.
Outre la curiosité provoquée par ces Formule 1 sur terre battue, c’est l’aspect humain et social de l’expo qui séduit. Souvent neutre, parfois bienveillant, le regard du photographe s’attarde avant tout sur des personnes en tout genre : le bonhomme au costume trois pièces, soit boots-ceinture-chapeau de cow-boy vissé sur la tête, le roots bien looké qui plastronne avec son signe de cornes au bout des mains, le gringalet et le colosse au marcel rouge, les visages juvéniles extasiés… Surtout, on y perçoit une ambiance chaleureuse et à la bonne franquette. Un voyage vers de lointains ailleurs, en somme. Le pied sur l’accélérateur.