Critique

Unedited History : Iran 1960-2014

3 sur 5 étoiles
  • Art, Art vidéo
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Time Out dit

« Unedited history », comme un film pas encore monté dont on aurait pour l'instant que les rushes et quelques indications chronologiques. Plutôt que de livrer une histoire figée de l'art en Iran depuis les années 1960, les commissaires ont essayé de pointer les ruptures et les persistances de cet immense pays marqué dans sa chair par deux événements capitaux dans l'Histoire du XXe siècle : la Révolution de 1979, finalement confisquée par les ayatollahs, et l'interminable guerre avec le voisin irakien, qui s'étale sur toute la décennie 1980. En plus de poser des questions intéressantes (sur l'art officiel, sur le témoignage, sur la disparition de l'individu au profit de la collectivité…), l'exposition arrive finalement à bien se dépêtrer de son sujet pour livrer une vision hétéroclite de l'art iranien, abordant la peinture, la photographie, les arts vivants, le cinéma ou l'agit-prop. 

Certes, les bouleversements de 1979-1988 ont forcément changé la donne : l'art curieux, ambitieux, soucieux de se démarquer de l'Occident des années 1960, symbolisé par cet étonnant festival de Shiraz-Persépolis, a mué pendant la Révolution, qui a vu le réalisme reprendre le dessus. Mais sous certains aspects, les photographies de Bahman Jalali ou les archives filmiques de Kamran Shirdel montrent comment 1979 fut un détonateur artistique – les affiches de propagande révèlent d'ailleurs combien la nouvelle génération avait parfaitement digéré l'héritage de Mai 68, de la contre-culture américaine ou des murals mexicains. 

Mieux : rien ne s'arrête en 1979. Au-delà du choc (visuel, esthétique, moral même) apporté par la Révolution, l'articulation la plus intéressante est sans doute celle qui lie la décennie 1980 à l'art actuel. Des installations envoûtantes de Narmine Sadeg ou Chohreh Feyzdjou aux fusains immenses et ultraréalistes de Mitra Farahani ; des photographies acérées de Mohsen Rastani à l'ironie d'Arash Hanaei, qui isole des détails incongrus de la ville de Téhéran pour confronter les slogans des martyrs à ceux de la pub (« Moulinex, pour l'éternité »), on perçoit chez les artistes contemporains sélectionnés ici de nombreux échos au travail de leurs aînés. Et aussi – surtout ? – une volonté de poursuivre dans le sillon de cette voie iranienne, au lieu de simplement se conformer au monde de l'art international.


> Horaires : du mardi au dimanche de 10h à 18h, nocturne le jeudi jusqu’à 22h.

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Prix
De 3,50 à 7 €
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