Pour qui ? Ceux qui ne sont pas trop sujets à la déprime
Voir quoi ? Des territoires oubliés, ici sublimés.
Qu’on se le dise : la saison culturelle ne sera pas des plus fun en ce début d’année. Entre les 50 nuances de noir de Soulages au Louvre et à Beaubourg et les œuvres ultra-profondes de Boltanski au Centre Pompidou, c’est tout naturellement que la photographe allemande Ursula Schulz-Dornburg trouve sa place, à l’occasion d’une rétrospective organisée par la MEP. Noir et blanc, guerres et no-go zones, pas moins de 250 œuvres nous plongent dans l’univers critique et architectural de l’artiste.
Ursula Schulz-Dornburg est née en 1938 à Berlin, « sur les ruines de tout », comme elle dit. Ce paysage et ce climat marqués par la guerre conditionneront la jeune Allemande, qui ne cessera de mettre en lumière les territoires détruits par l’Histoire, ceux aux cicatrices encore béantes. On découvre un corpus saisissant, exposé avec sobriété, qui nous fait voyager là où l’on ne comptait pas aller. Pas de balançoire à Bali ou de pizza à Naples, c’est dans l’Arménie des années 1990, l’Irak et la Syrie du début du millénaire ou encore dans son Allemagne natale que la photographe nous emmène. La scénographie, imaginée par l’artiste elle-même, présente des ensembles photographiques, qui, associés à des documents d’archives, constituent de véritables installations où s’accordent réflexion et contemplation.
A travers ce lien entre paysage architecturé et histoire politique, sociale et culturelle, Ursula Schulz-Dornburg fait un état des lieux sinistre de territoires soumis au chaos et de civilisations massacrées. On vous l’avait dit, c’est pas joyeux. Mais nécessaire.