Au-delà de ses couleurs funky, le wax est un textile qui a beaucoup d’histoire à raconter. C’est donc normal que ce soit le Musée de l’Homme, et non le Palais Galliera à deux pas, qui ait décidé de faire de ce tissu emblématique du continent africain la star de sa nouvelle expo. Développée dans le cadre de la saison “Migrations” du musée du Troca, l’exposition retrace une épopée vieille de 120 ans sur deux niveaux.
Assez vite, on met les choses au clair : avant d’être catalogué comme “africain”, le wax est d’abord un objet colonial qui s’est par la suite imposé comme le symbole du panafricanisme. Une histoire complexe, merveilleusement racontée par le Musée de l’Homme, qui rassemble artefacts, sculptures, photos, fringues et peintures pour étayer son propos, le tout dans une scénographie pop célébrant les couleurs vives qui ornent ces tissus. Des tonalités et motifs pas anodins : opinions politiques, commémorations d’événements ou symboles religieux, le wax permet, dès les années 1960, à celui ou celle qui le porte d’affirmer son identité. Jusqu’à être vidé de sa substance par les Européens, à nouveau ?
Ultra-populaire chez les créateurs du Vieux Continent, le wax est passé des robes de cérémonie togolaises aux Fashion Weeks parisiennes, jusqu’à se retrouver sur un manteau Burberry porté par la papesse de la mode, Anna Wintour. Une appropriation que questionne le Musée de l’Homme en s’appuyant sur l'expertise de ses deux commissaires, Soloba Diakité, historienne des arts africains, et Cindy Olohou, responsable des collections du Frac d'Île-de-France, mais aussi sur le travail d’artistes qui réinfusent appartenance, fierté et politique à ces étoffes. Du plasticien Romuald Hazoumé aux photographes Thandiwe Muriu et Omar Victor Diop, en passant par la peintre Tonia Nneji, c’est simple : au Musée de l’Homme, le wax se découvre sous toutes ses coutures.