Critique

Winter Show #20

4 sur 5 étoiles
Un quintette de choix pour un Winter Show chaud comme un feu de bois.
  • Art, Dessin
  • Recommandé
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Time Out dit

Pour fêter ses deux décennies et clore en beauté quatre mois de festivités artistiques – portés, souvenez-vous, par une expo-anniversaire en septembre puis une rétrospective de Pierre la Police –, la galerie Arts Factory invoque cinq de ses virtuoses habitués afin qu’ils prennent possession de ses quartiers. A l’occasion de ce traditionnel ‘Winter Show’, bien que particulier cette année, les murs dénudés se voient donc rhabillés pour l'hiver avec des œuvres qui ne vous laisseront certainement pas de glace.

Une rêverie qui donne des sueurs froides

Vous risquerez même de fondre de plaisir devant les combattantes de Nathalie Choux, descendant un escalier de plâtre telles des Miss Monde en armes. A l'image d’un vent venu du nord, les verges folles de l’artiste, dissimulées parmi les visages de porcelaine et autres organes en céramiques peintes, vous feront également monter le rouge aux joues. Diluant l'innocence et l'étrange (voire le gore) dans une même composition, faisant exploser des ours blancs devant des guerrières au minois angélique et transformant des scènes champêtres façon toile de Jouy en scènes de crime, l’illustratrice (à l’imagier ordinairement plus coloré) parvient à nous placer dans une espèce de confuse fascination. Exactement comme sa consœur Véronique Dorey. 

Avec ses paysages de désolation lovecraftiens et ses créatures hybrides sorties d'un demi-sommeil très agité, celle-ci nous fait ressentir un émoi délicieusement morbide. Son univers croqué en noir et blanc – amusant paradoxe pour cette ancienne coloriste de bande dessinée – par un trait de crayon chirurgical dissèque minutieusement une ‘Science des cauchemars’ – du titre du recueil dont sont extraites ses planches, auxquelles s’ajoutent quatre dessins inédits. Le tout visant à éveiller le spectateur à une réalité hallucinée, lunaire ? Mystère…

Des styles d’hiver et variés

Comme les cycles du sommeil alternant profondeur et légèreté, la suite de cette exposition collective apparaît plus chatoyante, plus pétillante (mais pas moins pertinente). Ainsi, la reine de la BD pour nanas pas nunuches, Nine Antico, explore son thème de prédilection (la culture populaire américaine) à travers le prisme des cheerleaders. Esquissée avec simplicité, presque naïveté, cette équipe de pompom girls joyeusement délurées nous scandent, de leurs postérieurs fièrement exhibés, un « you suck ! » sans arrière-pensée.

Après un détour par les décors luxuriants du conte écologique ‘Martha était là’, plantés à la gouache par le Douanier Rousseau allemand Atak, on retrouve avec joie les collages hybrides de Jean Lecointre. Poissons aux petits pois, seins œufs mollets ou mannequins sauterelles : autant de croisements entre son génie absurde et son imaginaire dérangé, expérimentés par l’artiste avec une banale paire de ciseaux, quelques vieux magazines et de la colle pour écolier. Un travail à l’ancienne que l'on affectionne encore plus que ses actuels photomontages informatiques et qui pose les bases de son court-métrage animé, 'Les Animaux domestiques', projeté au sous-sol de la galerie. Comme pour mettre un point d'exclamation final à ce ‘Winter Show’, dont la chaleur (non-)humaine réchauffera ce rude mois de décembre.   

Cette exposition fait partie de notre sélection des meilleures expositions à Paris

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Prix
Entrée libre
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