Qui sont les femmes artistes et qu'ont-elles à dire de leur position de femme et de créatrice ? Position qui implique d'aller dehors et d'occuper l'espace public tandis que l'imaginaire collectif veut les voir ménagères ou femmes d'intérieur. Que se passe-t-il lorsque ces femmes-là se saisissent de ces attentes et décident de bousculer les codes de l'allégorie domestique ? L'exposition 'Women House' - présentée à la Monnaie de Paris - invite à plonger dans l'art au féminin et à interroger la représentation de la figure de la Femme dans la sphère domestique.
La maison, lieu que l'on veut voir comme essentiellement féminin, devient entre leurs mains objet de lutte et de perturbation. Mise en scène dans les œuvres de nombreuses artistes du XXe et XXIe siècle ses murs qui, jusque là enfermaient celles qui se devaient de tenir leur intérieur afin de mieux dorer les murs de leur prison, volent ici en éclats. A travers les yeux perçants de ces personnalités qui ne se laissent dicter ni loi ni conduite, on entre dans un univers autant angoissant que libérateur.
Courant esthétique et politique remontant aux années 1970, cet engagement des femmes qui brise les étouffants carcans de leur propre image est issu d'une longue tradition que retrace la première partie de l'exposition. On y redécouvre les œuvres de Birgit Jürgenssen, Helena Almeida, Cindy Sherman, Claude Cahun, chacune recréant des scènes domestiques où le rapport de force s'inverse. La seconde partie, quant à elle, déploie le volet contemporain de cet héritage. Les œuvres de Louise Bourgeois, Zanele Muholi, Andrea Zittel, et bien d'autres, continuent de remettre en question l'espace que l'on réserve au féminin.
Bien que réductrice par sa proposition même – regarder uniquement les œuvres à travers le prisme du féminisme et de leur valeur politique – 'Women House' ouvre toutefois un espace de réflexion important, qui a le mérite de nous forcer à observer la place faite non seulement aux femmes dans l'espace commun, mais aussi aux artistes femmes.