Plus qu’un.e photographe, Zanele Muholi se définit comme un.e “activiste visuel.le”. Artiste noir.e, non-binaire et queer originaire de Durban, Zanele Muholi évolue dans une Afrique du Sud contrastée. Premier pays à inscrire les droits des personnes LGBTQIA+ dans sa Constitution, d’innombrables violences continuent d’y être perpétrées à leur égard. Muholi, né.e en 1972, s’est fait le témoin de ces persécutions, montrant au monde que l’amour survit même aux pires châtiments.
“Nous ‘queerons‘ l’espace afin d’y accéder”, revendique-t-iel. A travers pas moins de 200 clichés, Zanele Muholi met les pleins phares sur ces communautés invisibilisées, leur rend la fierté qu’on a tenté de leur arracher. Les séries s'enchaînent, en noir et blanc ou en couleurs, et continuent d’attraper le public par le colbac – “Regardez-moi ! Regardez-nous !”, semblent-elles crier. Les sourires des personnes transgenres érigées en reines de beauté nous mettent du baume au cœur quand les contrastes des autoportraits de Muholi nous fracturent la rétine.
Tout est aussi beau que puissant. Et après avoir fait le tour des deux étages consacrés à sa pratique, les yeux encore écarquillés, on finit l’expo par un espace pédagogique très malin, qui permet de recontextualiser la situation de l’Afrique du Sud et celle des personnes LGBTQIA+ au fil des années. Entre la frise chronologique accompagnée de photos d’une nouvelle génération “d'activistes visuel.les” et les bouquins à feuilleter, la MEP nous offre toutes les clés pour comprendre les combats de Zanele Muholi. Une immense réussite.