Ne comptez pas ressortir d'ici sans tache de vin sur vos habits ! Le soir, dans cette cave à vin voûtée tout en pierre, cachée au cœur du quartier huppé de Saint-Germain-des-Prés, des étudiants branchés s'encanaillent comme des ouvriers. Ils dansent collés à la sueur de leurs voisins ou même sur les tables quand le sol est déjà trop densément occupé, et ils boivent, ils trinquent, ils chantent à tue-tête des chansons françaises, comme un hymne à la gloire de Bacchus, à fond les ballons de rouge ! Georges, qui tenait cette authentique taverne française depuis toujours, ne patine aujourd’hui son zinc qu'avec son coude, qu'il soulève allègrement à la moindre occasion.
Chez Georges est une institution. « Depuis 1952 », lit-on sur sa façade. Une cave à vins comme il en reste peu, qui a gardé son charme d'antan avec ses photos de célébrités oubliées jaunies par la nicotine et son horloge Raphaël Quinquina, aussi désuète que cet apéritif qui était à la mode au siècle dernier. Dans la torpeur de l'après-midi, on entend encore son « tic-tac » qui ponctue le silence des parties d'échecs auxquelles s'adonnent certains habitués l'après-midi. Le soir venu, ne vous laissez pas décourager par le monde, il faut parfois attendre avant de descendre à la cave.