Sans doute son emplacement idéal en plein cœur de Pigalle contribue-t-il à sa notoriété et à son prix décomplexé (15 euros quand même). Qu’on y aille après s’être offert une partie de babyfoot au Mansart ou en sortant du Bus Palladium situé juste en face, on débarque à La Noche la fleur au micro. Ici, on croise d’autres sourires, une bande de copains un brin déjantés, des copines en plein enterrement de vie de jeune fille ou des as de la chanson française. Tous sont venus s’égosiller au micro devant le seul écran de la petite salle voûtée.
La proximité aidant, les clients chantent tous en chœur sans jamais se toiser avec malveillance. Bien sûr, il y a les éternels pros qui tournent le dos à l’écran et chantent Johnny, une main dans la poche, en déambulant dans la salle. Il y a aussi ceux qui connaissent par cœur le classeur des chansons et se sont inscrits avant tout le monde. Mais peu importe, on joue quand même le jeu. On note son nom en attendant d’être appelé par le chef de file ; lequel n’hésite pas, entre deux intermèdes musicaux, à user de son bel organe en toute discrétion – « mais qui chante là ? ». Seul hic : passé une certaine heure, la salle est prise d’assaut. Il devient quasiment impossible d’accéder au micro. On fait donc le deuil de Joe Dassin et on se laisse porter par ce bain de foule, peut-être même par chance, jusqu’à la sortie.