The Dude. Ou His Dudeness. Ou The Duder. Ou El Duderino. Comme il vous plaira, mais certainement pas Lebowski, ça colle la poisse... On l’avait un peu fantasmé, ce bar rue Saint-Maur, ce rade qui s’annonçait comme le repère du super-lazy, méga-cool Dude des frères Coen.
Pour commencer, on s’attendait à un tapis étalé là, sur le sol, et puis on avait aussi imaginé (oui, on est très optimiste) une piste de bowling, des quilles et des boules. Alors forcément, en arrivant on est un peu déçu par la décoration simplette du lieu. Hormis quelques accessoires de bowling posés sur une étagère et quelques affiches à la gloire du Dude, rien de très percutant. Rien qui ne reflète vraiment la quintessence de l’homme au peignoir, aux cheveux gras et aux lunettes de soleil. Mais qu’importe. Ce bar n’a pas besoin de colifichets : il y règne une atmosphère si relax que vous avez immédiatement envie de vous crasher dans l’un des fauteuils disponibles pour vous gratter le ventre en bâillant, un verre de russe blanc à la main.
Dans un premier temps, on se demande s'il est possible – temps difficiles obligent – de payer nos breuvages avec des chèques en bois. Heureusement, le début de l’happy hour retentit (18h-21h). Sauvés par le gong, on réalise soudain que d’une, les verres sont moins chers et que de deux, les verres ne sont vraiment pas chers. Des pintes à 2,50 €, des verres de pastis et de vin à 1,50 €, tous les cocktails à 4 €… On ne sait plus où donner de la tête, mais l'on sait désormais où l’on viendra passer nos fins de mois délicates.
Ce qui est étonnant, c’est que les prix restent très honnêtes même après 21h, s’étirant faiblement de 5 à 8 € pour des cocktails franchement pas timides sur le dosage d'alcool, un peu inégaux mais loin d’être mauvais. Ainsi, après un basilsmash frais et délicieux (gin, sucre, citron et basilic – 5 €), notre serveuse souriante et sympa, nous propose de lui servir de cobayes (allez savoir pourquoi nous). Elle met justement la touche finale à l’une de ces créations sirupeuses extragirly qui rappellent assez le cosmopolitan, le sucre en plus, la fraîcheur en moins. Après un bloody mary dont on souhaite rapidement effacer le souvenir et le goût de gaspacho alcoolisé, on finit par commander le graal, ce nectar lacté qui pourrait être servi dans une coupe de charpentier : le russe blanc.
Le voilà enfin entre nos mains. Et il est bon. Et personne ne vient nous ennuyer pendant que nous le buvons, personne pour souiller nos biens ou casser notre télé. Tout se passe à merveille. Les gens rient, la musique rock coule tranquillement, le vidéo-projecteur diffuse 'Darjeeling Limited' et nos esprits s’échauffent calmement. On se sent bien chez le Dude, tout simplement. Voilà un chouette bar où l’on reviendra assurément, pour emmener son ou ses copains buller après une rude journée.