Lucien La Chance

Les coudes sur la table, tout le monde pique dans les assiettes de tout le monde. Partout, des pichets de vin tiennent le haut de cette bruyante assemblée. Malgré les apparences un peu branchouilles de cet ancien magasin de bonbon transformé en joli bar à vin, on se sent tout de suite bien chez Lucien. Tellement que l’on pourrait se croire chez un ami. OK, un ami qui aurait une cuisine remplie de bonnes choses et une cave plus que fameuse. Mais la promiscuité des lieux renforce cette impression chaleureuse, tout comme le décor fait de bois, de babioles et de bouteilles.

A l’arrière, une minuscule cuisine, fumante et clinquante, se charge de tenir les promesses de l’ardoise. Chaque jour un nouveau menu y est inscrit (que vous pouvez également surveiller sur leur page Facebook). Ici, pas de repas complet en trois temps, mais une sélection de bonnes charcuteries, de beaux fromages et de succulentes petites assiettes (entre 5 et 10 euros). Le tout à partager en explorant la carte des vins naturels. Ce soir-là, des bulots se laissaient joyeusement harponner pour finir dans une mayonnaise au citron vert et au wasabi, de fines tranches de Jésus de Morteau se pavanaient en face d’un délicieux boudin noir aux feuilles de menthe et d’un plateau de saucisses grillées à la poudre de cèpes. Et comme si cela ne suffisait pas, ce fut ensuite à une mousse au chocolat, riche et dense, et à des figues poêlées au romarin accompagnées de fromage blanc, d’entrer en piste.  

On engloutit tout cela dans le brouhaha des conversations qui s’éternisent et sous l’œil taquin des responsables du lieu, qui devisent avec délice sur leurs vins et leurs produits. En repartant, enivrés et plus que repus, on se dit que décidemment, on en a eu de la chance de croiser Lucien ce soir-là.