C’est vrai, le quartier n’est pas rock’n’roll. On y croise d’ailleurs volontiers plus de brasseries chic que de bars à binouzes. Le Shannon est de fait unique dans le périmètre. Une façade confidentielle gardée par un vigile tout en biceps et qui cache un pub irlandais bruyant et largement courtisé par les jeunes habitants du quartier.
A l’intérieur, la déco est sombre et le mobilier utilitaire : attablés autour d’un tonneau largement servis en brune, nous voilà comme à bord du Nautilus. En soi, le Shannon Pub n’a rien de très remarquable : les pintes y sont plutôt coûteuses (entre 6,50 et 7,50 €), les serveurs plutôt souriants et le décor spartiate.
Ce n’est pas dans son ADN qu’on trouvera donc les raisons de s’y alcooliser mais plutôt dans son ambiance. Ici, la faune parisienne n’a pas les tics qu’on lui reproche si souvent. Pas de place pour le Parigot grincheux, au Shannon tout le monde parle à tout le monde. On enchaîne les parties de flipper, on trinque avec les voisins, et on essaye de s’entendre malgré les meutes de potes venus s’égosiller sur du AC/DC et on rencontre de nouvelles têtes. Voilà donc un bar de nuit (le lieu ferme à 4h du matin) où les plus timides finiront sans doute par rire aux blagues de la table d’à côté ou fêter, sans y être vraiment invités, l’enterrement de vie de jeune fille d’une brunette coiffée d’un serre-tête lumineux.