C’est le petit plus des palaces : proposer non pas un mais deux bars à cocktails – comme le Ritz ! Nettement plus discret que l’impressionnant bar Joséphine avec son plafond classé, son pianiste classieux et sa vitrine sur le boulevard Raspail, le bar Aristide planqué à l’entresol a des airs de speakeasy, sinon de rendez-vous d’habitués au parfum.
Ouvert en 2022 et baptisé en hommage à Aristide Boucicaut (cofondateur du Bon Marché avec sa femme Marguerite et initiateur de la construction de l’hôtel), ce petit écrin havane, acajou et chocolat pensé par l’architecte Jean-Michel Wilmotte propose une sereine parenthèse de luxe à l’anglaise. Tel un lord en pause, on s’installe donc sur un magnifique chesterfield et on pioche dans la carte des cocktails décorée de pochettes de disques de new wave (Ultravox, New Order…) car, croyez-le ou non, Jean-Pierre Trevisan, directeur général du Lutetia, préfère Joy Division à Dalida.
Angelo Forte (ex du No Entry) y décline 12 créas voyageuses dont deux sans alcool. Le Crystal, qui mixe moutai (une eau-de-vie de céréales chinoise qui s’apprête à déferler chez nous), sherry, Chartreuse verte et amaretto, se montre carrément étonnant entre touches oxydatives, boisées et humiques. Nettement moins exubérant, le Sextet (vodka, thé fumé, eau de tomate) se rapproche d’un Bloody Mary sans épices. Si vous voulez prendre l’amer, direction l’Aged Old Pal au bourbon, vermouth et Campari. A noter que les amateurs de cigares disposent d’un chic fumoir (et d’un humidificateur qui ressemble à un ampli) dans un recoin de l’espace histoire de se rappeler qu’on est dans un palace (avant l’arrivée de l’addition évidemment).