Planqué le long de restaurant Boubalé au rez-de-chaussée de l’hôtel Grand Mazarin, le bar Boubalé (« petite chérie » en yiddish) reprend les codes foisonnant du cinq-étoiles dessiné par le designer suédois Martin Brudnizki, à savoir un mélange entre un hommage en Technicolor aux dessins animés soviétiques et une datcha sous LSD. Aux murs, une tapisserie en pluie d’écailles, rouge et vert ; pour se poser, des causeuses en velours rayés ou des tabourets aux inflorescences peintes à la main… Si vous aimez retrouver dans vos bars d’hôtel une sobriété monacale, ça risque de piquer. Mais cela vaut le coup de vous faire violence tant les cocktails proposés ici se montrent vifs et inventifs.
Derrière le comptoir en bois travaillé, s’activent deux anciens du Moonshiner, Maxime Caillet et Virgile Texier qui ont mouillé la kossovorotka pour produire une carte en accord avec la ligne ashkénaze de la cuisine d’Assaf Granit. On trouve ainsi dans les verres des ingrédients qu’on croise plus souvent dans le borsch : oignon, navet, chou rouge, estragon… Ainsi dans le Sababoush, un milk punch à base d’eau-de-vie de figue délivre des saveurs délicates d’aubergine et d’origan. Dans le très frais et réussi Take My Oseille, inspiré d’une soupe d’Europe de l’Est, l’huile de noix et d’oseille récupérée du fat wash d’autres cocktails sert à parfumer le verre. Car en plus de se creuser le ciboulot, le duo de bartenders s’est ingénié à limiter au maximum les déchets. En bref, un bar qu’on n’attendait pas et qui casse la datcha !