Avec qui ? Votre oncle millionnaire et sourd
Boire quoi ? Un classique et rassurant Old fashioned (bourbon, bitter, sucre, cerise à l’eau-de-vie)
L'apostolat du journalisme total pratiqué à Time Out nous oblige à une impartialité d'airain. Mais reconnaissons qu'en poussant la porte d'un bar de palace (en vérité, un préposé en livrée se charge de nous l’ouvrir), on est plus exigeant qu'avec le PMU du coin. Et toutes pincettes diplomatiques prises, il faut bien avouer que les Ambassadeurs de l'hôtel de Crillon déçoit.
Certes, le décorum signé Chahan Minassian fait le taf pour en mettre plein les yeux : murs caparaçonnés de marbre, plafond peint, moelleux tapis où l’on s'enfonce à mi-mollet, lustre en explosion de feuilles d'or et, bien sûr, vue sur la Concorde. Mais ça se gâte assez vite. Premier bémol, la musique. Là où l’on s'attend à une soyeuse croonerie en tapisserie sonore, l'orchestre qui reprend La Vie en rose se croit au Stade de France et pousse les potards à 11. On doit élever la voix pour parler au barman ! Renseignement pris : c'est habituel à partir de 21h. Où est donc passé le respect des tympans des millionnaires ?
Autre caillou dans le mocassin à glands : les cocktails élaborés par Eric Sablonière (ex-Roxo) se montrent très très subtils (pour ne pas dire sans relief). Pretty in Pink (vodka, porto, champagne, miel, pêche – en novembre ! –, citron jaune) au fruité falot ou évanescent Mira (gin, saké, rhubarbe, pamplemousse, soda). A 27 €, le verre, ça fait mal au PEL.