Plus hipster qu’un barbu sur un fixie, Chambre Noire est un marchand de vins nat inspiré et interlope qui essaime à vive allure dans l’Est parisien : un barav sur le boulevard Jules-Ferry, une cave rue Folie-Méricourt et désormais cette cave/buvette minimaliste à façade taiseuse et murs ratiboisés rue de Ménilmontant. Dans la pénombre se cachent un solide comptoir et quelques tables où descendre des bouteilles qui n’ont pas ce petit goût de banal trop souvent éprouvé dans les barav photocopiés de la capitale.
Depuis que Rémy Kaneko est parti faire son pif dans la Drôme, c’est son comparse de toujours Oliver Lomeli qui régente seul cette loge de francs buveurs. On pioche les canons sur les étagères et on demande à Mathieu le serveur de les dégoupiller : rouge croquant et salin de Majorque par Panduro Vinos, bombinettes juteuses de chez Quantum Winery en Autriche, pétillante grenadine féministe allemande à 9 % par Lagamba, blanc de noir du domaine Mada dans le Languedoc… Et les prix savent se tenir (de 12 à 24 € + 12 € de droit de bouchon) !
Pour éponger, ils catapultent une vaillante grignote comme cette très recommandable tortilla (8 €), un tiercé toujours gagnant anchois-olives-guindillas (10 €), une tartine de haricots blancs et ricotta (12 €), un bon thon confit à la sauce tomate (12 €), et même un moelleux au chocolat (7 €). Le principe d’une chambre noire, c’est de produire l’image inversée d’un objet, mais comme il s’agit de boire avec modération, il n’y a pas besoin de se mettre à l’envers pour profiter de la soirée. Enfin, chacun son objectif.