Pour qui ? Un vieux jazzman, pour vous conter les grandes heures passées du quartier
Boire quoi ? Un très délicat Princesse Jasmine (saké, jasmin, jus de yuzu, liqueur Velvet Falernum, 20 €)
La rive gauche doit être construite sur un cimetière d’Indiens abstinents pour galérer autant à produire un bar à cocktails à la hauteur de ceux de l’autre côté de la Seine (à part le Castor Club, notre chouchou). Cyril Lignac, au CV long comme celui de Khaleesi, tente de contrer la malédiction, et fait atterrir son Dragon dans la rue du même nom, où il possède déjà deux adresses (Aux Prés et le Bar des Prés).
On retrouve les usual suspects des affaires du chef télévisuel : à la déco, le Studio KO, et à la carte, Marco Mohamadi. Le premier propose, dans un volume digne d’un wagon de l’Orient-Express, une ambiance cosy de club de gentlemen tokyoïte avec maousse comptoir en onyx, murs marouflés d’or, joufflues banquettes hautes et aquarium où vaquent d’élégants poissons. Le deuxième concocte douze recettes asiatisantes un peu trop raisonnables, comme ce doucereux Baiser du dragon (vodka, citronnelle, tonic à l’aloe vera, sirop de vanille maison, shiso, citron ; 17 €) ou le Kung Fu Pandan (rhum infusé à l’ananas, sirop de pandan maison, poivre de Penja, jus de citron, 16 €), empêtré dans sa sucrosité.
On sirote tout ça bercé par une inoffensive muzak électro entouré de trentenaires bien coiffés qui picorent mortadelle à la truffe (10 €) ou tarama (15 €). Une chose est sûre : avec ses horaires ultra-sages (dernière commande à 00h30…), Dragon ne risque pas de mettre le feu au quartier.