« Je suis venu te dire que je m’enivre… » Après une attente plus longue que les notes d’hôtel de Serge, nous avons pu nous asseoir au Gainsbarre, le bar attenant au musée Gainsbourg (attention à ne pas confondre avec la Maison Gainsbourg un peu plus haut dans la rue). Passons sur l’incompréhensible dédain pour le jeu de mots « Gainsbar » et pénétrons dans la vaste salle couleur bitume inspirée du salon de la maison de la rue de Verneuil. Tables noires, velours noirs, murs noirs égayés d’une couv de Rock & Folk et de quelques pubs de la dernière tournée du chanteur (« Merci du fion du cœur ») : la puissance de l’image de Gainsbourg a calmé le décorateur Jacques Garcia dans ses habituels délires Empire !
La (mickey) maousse carte des cocktails de Louis Devillechabrol (ex du Collectionneur) se montre drôlement futée. Il y a d’une part des créations inspirées du répertoire du compositeur. On pioche le N°2 d’après « Les Sucettes » de France Gall (au premier degré hein, nul sexe oral ici). Il mélange aquavit, concombre, aneth et anis pour une convaincante potion fraîche et herbeuse. Une autre partie de la carte convoque les verres préférés de Gainsbarre, peu connu pour sucer des glaçons, comme le célèbre Gibson (un Martini au gin) servi ici à table. Enfin, petit coup de génie pour parfaire l’ambiance 70’s, la carte dépoussière des classiques souvent costauds à l’image de ce Tuxedo poutre apparente (gin, vermouth, xérès, maraschino, bitter, absinthe).
Passons sur la carte de grignoteries façon room-service, sous le signe de l’abus (18 € pour un petit sandwich parisien et un ramequin de chips, ouille), et consolons-nous avec, le soir venu, un pianiste qui joue jusqu’à la fermeture dans une atmosphère gentiment déglinguée où ne manque que la fumée des Gitanes.