Pour qui ? Les amoureux de brèves de comptoir
Le plat culte ? Une pizza + un calva ?
On ne vient pas chez Gigi pour la pizza Messina « tomates, fromages, crème fraîche, champignons, épaule », ni pour le pichet de rosé, d’un rose douteux… Non, on vient dîner dans cette salle immense, fausses briques aux murs, ou plutôt boire un verre au comptoir du bar adjacent pour croiser des Américains égarés, un homme seul habitué des lieux, un couple de personnes âgées qui s’engueulent sans passion comme ils doivent le faire depuis vingt-cinq ans, une famille ou un duo d’amis qui se racontent leurs derniers exploits sexuels.
D’un côté, il y a le bar, avec un grand comptoir, « l’un des plus vieux de Paris qui date de 1911 », des lampions, des pochettes de vinyles de Pierre Perret, Enrico Macias, Fernand Raynaud ou Tina Turner, de l’autre côté du couloir, sans avoir besoin de ressortir, on débarque dans le resto « franco-italien ». Dans chaque pièce, symétriquement, on retrouve les deux « patrons », la cinquantaine, lunettes et cheveux bouclés qui parlent avec un (faux ?) accent italien. Romain Gary y aurait trouvé, pour sûr, matière pour les personnages de ces romans. D’ailleurs, cet endroit est si romanesque que la légende raconte qu’il a été mêlé de près à une historie de cannibalisme où il était aussi question de soulards, de l’épicerie du coin et d’une histoire de hanches spécialement savoureuses…