En 2022, un rade alternatif, ça se reconnait à quoi ? Des crêtes montées à l’IPA ? Des sarouels végans ? En fait, ça donne surtout un lieu comme le Gush. Un petit bar cool et crépusculaire, ouvert en 2021 mais déjà ancré dans ce quartier sans vraiment de nom (si loin, si proche de Gambetta, Belleville et Ménilmontant). La bande-son déroule du rock ascendant Gonzaï, la faune se montre carrément mélangée et multigénérationnelle entre du Perfecto poivre et sel et de la frange néo-60’s à tatouage. Tout ce petit monde rigole accoudé au zinc, au milieu d'un superbe carrelage blanc, bordeaux et noir qui s'accorde avec toutes les nuances de Doc.
Les punks ne sont pas morts, ils sont devenus responsables : ici, les 16 bières à la tireuse sont artisanales (car ACAB, all crafts are beautiful) comme cette beauté d’hazy pale ale Sommar des Angoumois de La Débauche (4,5 €), les vins nature (verre de corbières de Mirouze à 5 €) et les alcools de petits producteurs (vodka à l’olive de la distillerie Manguin).
L’engagement des trois tauliers, Paul, Quentin et Romain, n’est pas une posture pour se la jouer Bernard Arnault une fois dans le (jet) privé : le Gush fonctionne en coopérative ouvrière qui limite les dividendes pour ces feignasses d’associés. Il y a aussi une avenante carte de solides (genre poulet frit à la coréenne, 12 €) mais on devra revenir pour goûter. Pas de fine bouche, on vote extrême Gush.