En 1911, sentant poindre la Prohibition, un New-Yorkais futé démonte son bar de Manhattan pour le remonter intégralement rue Daunou à Paris. Boiseries acajou, banquettes et chaises molletonnées, plafond étamé... Déco d'origine, chic et cosy, chargée d'Histoire ! Hemingway, Sartre, Coco Chanel ou Rita Hayworth y ont traîné leurs guêtres et goûté à quelques-uns des cocktails, inventés paraît-il ici, comme le Bloody Mary (en 1921) ou le White Lady (1929).
On vient plus ici pour la beauté surrannée du lieu, les cocktails manquant cruellement de précision. Conseil d'ami : ne vous éloignez pas trop de sentiers battus à ce niveau. Oubliez certaines mixtures exotiques comme ce brouillon Harry's Pick Me Up (mélange de Grand Marnier et cognac, grenade, champagne et jus d'orange; 16 €) ou le Blue Lagoon (vodka, curaçao bleu, pamplemousse; 14 €).
Au sous-sol, où un pianiste ambiance la salle du lundi au samedi, on dit que Gershwin composa l’air d'Un Américain à Paris. L'autre spécialité du lieu ? Les whiskies, pardi ! (près de 300 références). La carte compte aussi un grand nombre de bières. Une bonne adresse à Opéra, ouverte jusqu'à 3h le week-end, mais qui reste un peu guindée et pas donnée, à l'image du quartier. Curiosité : depuis 1924, au moment de chaque élection américaine, le bar organise un vote factice qui commence un mois avant la date de l’élection. Le fameux straw vote (fait à l'aide d'une paille) donne lieu à de vrais paris sur le futur vainqueur et promet des soirées hautes en couleur !