Pas la peine d’attendre la crue centennale pour se croire à Venise sans bouger de Paname. Direction Isola, bar à vins frais comme une acqua alta où Guido Aloia, archi de formation, moustachu de conviction et Vénitien d’adoption, fignole une atmosphère molto cool et un peu bordélique, à base d’accrochage de potes artistes, étagères chargées de livres d’art et hits des années 80.
Au programme, un aperitivo comme dans la Sérénissime avec des cicchetti (2,50 €), ces petites tartines à choisir dans une vitrine comme là-bas et à boulotter sans modération. Les recettes changent tout le temps mais la version scamorza et noix ou brocoli et burrata cinglent sur le grand canal de l’excellent. On accompagne ces modestes merveilles d’un spritz (8 €) – cocktail inventé à Venise, faut-il le rappeler – en variations multiples (au Cynar, au Select…). Et si vous avez un appétit grand comme la place Saint-Marc, on trouve à l’ardoise de solides lasagnes maison, des gnocchis du moment (19 €) ou de vastes assiettes de charcuterie et de fromage.
Côté raisin, que des quilles de la Botte : Morgante bio (39 €), sangiovese nature (45 €) ou brillant prosecco biodynamique (38 €)… Par ailleurs, chez Isola, on ne fait pas que lever le coude en parlant avec les mains : la prog propose aussi des concerts (plutôt chanson, jazz) le dimanche après-midi et des réunions sur les droits LGBT. L’association antifasciste I Sentinelli di Parigi y a aussi son rond de serviette, l’occasion de découvrir la gauche vénitienne, canal historique…