Situé au cœur d’un Saint-Germain-des-Prés devenu à la fois l’épicentre du wokistan français (Sciences Po se trouve à deux AVC de Pascal Praud) et l’icône du tourisme Emily-in-Parisien, le James Joyce assume son blaze littéraire un peu anachronique. Mais cela s’explique : l’écrivain irlandais a gratté quelques chapitres de son Ulysse dans cet auguste immeuble. Aujourd’hui, c’est un cinq-étoiles qui se paye le luxe de ne pas avoir hôtel dans son nom (le Pavillon Faubourg Saint-Germain) et d’un bar avec entrée directe sur la rue. Nulle allusion à Dublin ou à la littérature n’inonde ce cocon de velours baignant dans une aimable lumière dorée, propice aux rapprochements pas seulement culturels.
Face au petit comptoir doré, bien installé sur une large banquette bleu canard, on pioche dans la carte polie par Clément Lepage (passé par le Madame Rêve) et son équipe. Le thème ? Les voyages, avec des ingrédients en rapport avec la destination citée (pas très COP23 du coup mais bon). Le Philippines (19 €), qui convoque rhum infusé au pandan, litchi, grenade et jasmin, délivre une belle acidité tout en contrôle. Le translucide Japon (20 €), à base de gin nippon, de shōchū de riz, d’umeshu et de Suze, offre une caresse d’une inattendue douceur. A noter qu’il y a une salle bibliothèque couverte de livres de la nrf de Gallimard sur le côté, histoire de vous sentir comme Frédéric Beigbeder, entouré de blanc et de livres que vous n’avez pas lus.