Eté 2014, période bénie pour la patrie de Karl Marx. Pendant que 23 locaux en short triomphent au Brésil, le premier Biergarten parisien ouvre ses portes dans le 18e. Carton oblige, les patrons – franco-allemands – se sont très vite retrouvés dans l'obligation de décliner le concept. C'est au bord du canal de l'Ourcq que le nouveau spot se trouve. Et quand le bar de la rue Vauvenargue rappelait Munich, c'est cette fois-ci à Hambourg que l'on est transporté.
Des grandes tablées en bois au rez-de-chaussée, un bar confortable et un étage plus calme. Pour nous, ce sera le bar où les anecdotes du patron sur sa Hambourg natale égayeront notre soirée. C'est sur ses conseils que l'on commence par une Astra (3,5 €/6,5 €), originellement brassée dans le quartier militant hambourgeois de Sankt-Pauli. Sa légère amertume et les effluves en provenance directe de la cuisine nous ouvrent l’appétit. Aux côtés des traditionnels bretzels Natür ou Fromage (2 €) et Currywurst accompagnés de frites maison (6,70 €), on retrouve aussi le Matjes Brötchen (6 €), ce sandwich au hareng doux mariné à la crème, oignons frits et laitue dans un brot allemand qui nous donne un instant l'impression de faire partie du casting de la série ‘Vikings’. Solide. Rassasiés, nous voilà prêts pour partir à l'abordage des nombreuses bières bouteille. On commence par la Störtebeker Atlantik Ale (5,50 €), cousine fruitée de la Störtebeker Pilsener (5 €) aka la bière favorite d'Angela Merkel. On est ensuite cueillis par la Ratsherrn Rotbier (5,50 €) dont la couleur rouge n'a d'égale que le contraste entre ses notes maltées et fruitées. Notre taux d'alcool dans le sang augmentant, nous nous disons qu'une petite touche sucrée nous ferait le plus grand bien. On se tourne alors vers le cheesecake au fromage frais (6 €) qui nous procure un ravissement gustatif équivalent à notre émerveillement rétinal lors de la dernière fashion week tyrolienne.
L'heure avance, c'est le moment idéal pour « se risquer au bizarre » comme aurait dit Francis Blanche. Et nous voilà en train de parler la langue de Goethe après un shooter de Schnaps Framboise pour elle et un de Schnaps Mirabelle pour moi (4 € les 2 cl/8 € les 4 cl) ! En sortant, on pose les yeux sur le babyfoot, nous rappelant que pour les plus sportifs, certains matchs de foot sont diffusés dans la salle du bas. La balade digestive le long du canal est salvatrice et tels les 4 Liverpuldiens à mèche découverts dans un bar de la Venise du Nord au début des années 1960, on chante à tue-tête : « All the Kiez are love » !