Dans la rue Saint-Denis, entre un sexshop qui vend 3 DVD pour 25 € et un restaurant prénommé « La Chine sur la langue » (toute association d'idée est parfaitement fortuite) a poussé une nouvelle trattoria : Kuccini. Des lettres rouges s'étalant sur un fond blanc lumineux en guise d'enseigne, de grandes baies ouvertes sur les pavés et un design tout ce qu'il y a de plus soigné (réalisé par les architectes de la Maison Plisson), voilà, le décor est planté, l'endroit est joli. Dans la course au concept-bar qui balaie Paris (bar à tapas, bar à gin, bar à vodka, rooftop et on en passe), il nous fallait bien un resto italien qui propose des versions grandes ou petites de ses plats, selon qu'on ait un appétit de loup ou de colibri.
D'entrée, on veut croire aux vacances en Italie, et l'on commande deux Spritz. S'ils sont bien frais et bien dosés, on ne peut s'empêcher d'halluciner sur le prix : 9 € le verre. Pas donné. Suivent trois petites assiettes : un fritto misto mare nostrum (6 €), des crescentine (4,50 €) et une sélection de charcuteries italiennes (8,50 €). La première assiette, composée entre autres de gardons, de petites crevettes et de calamars frits, réjouit. La deuxième avec ses petits friands à tremper dans une sauce légèrement tomatée manque de caractère. La troisième, proposant « une sélection de charcuteries italiennes », déçoit. Quelques tranches fines de salami et de prosciutto... Une proposition bien faiblarde pour qui connaît la générosité et la diversité de la charcuterie italienne.
On déchante un peu mais on ne se laisse pas abattre pour autant car arrivent sur notre table un risotto aux myrtilles (8,50 €) et des raviolis à la truffe et burrata (8,50 €) : de pures petites merveilles confectionnées avec soin par le chef italien venu tout exprès de Milan. On ne saurait que vous conseiller d'associer ces charmants plats avec l'honorable
carte de vins rouges (verre entre 4,50 € et 11 €) pour connaître un véritable feu d'artifice gustatif. On termine quant à nous notre balade par un tiramisu tout ce qu'il y a de plus honnête servi par une équipe pas toujours très attentive, parfois même sacrément dispersée. On lui pardonne volontiers, il faut bien trouver ses marques quand on débute dans le métier.
Nous repasserons très prochainement saluer le gentil patron de Kuccini pour commander des bruschette ou des insalate quand l'été sera vraiment arrivé.