Pour qui ? Les amateurs de vraie bonne jaja, qu'un service bougon ne rebutera pas
Boire quoi ? Un ballon de syrah de Jean Delobre (5,50 €), signé La Ferme des 7 Lunes
La qualité des produits, la mise en avant du côté terroir et le concept d’authenticité appellent souvent à une légère dérive des prix. Cette bobo-Buvette en fait une démonstration éloquente. Est-ce bien raisonnable de vendre de minuscules assiettes de saucisson (certes excellent et finement coupé) ou de mortadelle artisanale (qui reste néanmoins la charcuterie la moins chère) pour 6 € ? Pas tellement, surtout lorsqu’on tient boutique entre deux PMU, rue Saint-Maur. On serait volontiers indulgent si l’on avait à faire à un service chaleureux et une ambiance amicale ; on se dirait qu’un endroit de qualité vaut bien un petit clash du porte-monnaie. Mais le barbu-bougon du comptoir – qui n’est cependant pas le maître des lieux – lasse rapidement par son manque de tact, son service un brin chaotique et ses soupirs à répétition. Il faudra attendre la fermeture, à 22h, avant de lui soutirer un premier sourire.
Avec une déco sobre tout en carrelage et boiseries, La Buvette compte deux tables et un comptoir où les tabourets manquent à l’appel. On tient à quinze collés-serrés dans ces 25 m2 où l’on achète du vin à emporter, qu'on glougloute sinon sur place, avec modération, puisque le caviste pratique un droit de bouchon à 8 €. Un peu excessif lorsqu’on s’aperçoit qu’il faut mettre plus de 14 € dans une bouteille (soit 22 €, droit de bouchon inclus) en début de gamme. Mieux vaut donc se rabattre sur le vin au verre, avec une sélection de sept crus. Les amateurs de blanc se délecteront d’un excellent Saumur à 5 €.
On quitte les lieux avec une note de petit bistrot avant même d’avoir dîné. Alors, on ne regrette pas d’être venu, mais une chose est sûre : on n'y retournera pas.