Le Distrait

De certains bars, on retient surtout une ambiance, un je-ne-sais-quoi qui fait qu'on se souvient de l'expérience. Il y a de ça chez Le Distrait. Petit bar à cocktails perché dans la rue de la Lune, il semble vouloir filer la métaphore avec son atmosphère en clair-obscur. Avec sa devanture noire et ses lumières tamisées, il se fait discret, tout proche et pourtant déjà loin du vacarme du boulevard Poissonnière. A l'intérieur, la salle plongée dans la pénombre n'est éclairée que par des puits de lumière savamment orchestrés : un néon sous le bar et surtout une fine lampe qui tombe au-dessus de chaque table, entourant les convives d'un halo d'intimité.

Au Distrait, on vient donc étancher sa soif de cocktails. Créations maison bien sûr, c'est bien le minimum par les temps qui courent à Paris. La carte semble plutôt simple : alcools de base classiques (vodka, tequila, gin, whisky, rhum) tout comme la majorité des ingrédients (pas plus de cinq par breuvage). Dans le détail, le choix de saveurs apparaît assez équilibré. On trouvera son bonheur qu'on soit plutôt « frais et fleuri » (framboises, lavande et vodka dans le Mamabis) ou qu'on aime l'amertume et les goûts francs (whisky tourbé, citron et angostura dans l'Amstrong Sour). Très bien réalisés, servis avec le sourire, il leur manque peut-être un soupçon d'originalité pour qu'on les paye 12 € sans sourciller.

Ce petit plus que l'on cherche, on le trouve alors dans la sélection de tapas. Jambon blanc truffé à tomber par terre, burrata di bufala, pata negra iberico Bellota remplissent les assiettes du Distrait qui fait le choix de la qualité et du goût, sans pour autant vider notre porte-monnaie. Exception faite des croc' maison qui mériteraient d'être un peu plus garnis pour le prix. Sans éclipser pour autant le bon moment qu'on vient de passer.