Pour qui ? Ceux qui aiment les vieux bistrots à l'ancienne
Glouglou ? Une pinte de Stella à 4 € en happy hour
Lorsque je pousse la porte du Royal, ce bistrot ancêtre de la rue Saint-Denis, Manuel, le proprio portugais me tourne le dos. N'y voyez pas un quelconque mépris de sa part. Il est simplement happé par la télé. Car ce soir là, sa seleção prend l’eau (3-0). La mi-temps arrive à point nommé et j’en profite pour taper la causette avec le quinquagénaire.
Lorsque je le questionne sur l’origine du lieu, la réponse de Manuel fuse comme un coup franc de Cristiano : “Il y'a 30 ans, c’était un bar à hôtesses”. Mais pas que. Très accessible, le patron prend le temps de dresser le portrait d'un bijou qui a traversé le temps sans jamais prendre une ride. “Sur les murs, ce sont des panneaux de faïences de Sarreguemines. Ils symbolisent les régions d’Italie et datent de la fin du 19e siècle”. Avant d’ajouter, torse bombé, qu'ici, "tout est classé monument historique".
C’est vrai que c'est sublime et le mythe ne s'arrête pas là. L’arrière salle - à la déco tristement plus moderne - raconte elle aussi son anecdote : “A l’époque, la rue Saint-Denis accueillait le plus grand marché de Paris avant qu'il soit transféré à Rungis. Et c'est dans cette pièce que les marchands stockaient les chariots de fruits et légumes”.Des histoires comme celles-là, Manuel en a plein les poches. On pourrait passer la nuit à refaire le monde avec lui, accoudé au comptoir. Surtout que, le bougre, lance son happy hour dès 17h pour le prolonger ad vitam aeternam.