Par un heureux hasard, nos pas nous ont menés jusqu'à l'Embuscade, un véritable petit troquet de quartier comme on n'en fait plus, de ceux qui respirent la bonhommie et la convivialité. Un sol en petites mozaïques, des murs rouges et noirs, un zinc où sont accoudés des clients de tous âges confondus... Dès les premières secondes, on s'y sent bien.
Au comptoir, les barmens souriants vous laissent le temps de découvrir la carte tranquillement, car ici, loin de l'agitation du boulevard Richard Lenoir, rien ne presse. Côté pression justement, on découvre avec stupeur une bière rousse artisanale que l'on apprécie particulièrement, produite dans la micro-brasserie parisienne La Baleine, à un prix imbattable (5 € la pinte toute la soirée).
Derrière nous, accrochés au mur, un entremêlât de portraits du King, de Brel et de nombreuses stars que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître. On parle Sud-Ouest avec notre serveur qui nous sert du TU en même temps qu'un chichon de canard, une terrine au piment d'Espelette et une petite planche de fromages (5 €, 5 € et 7 €). La corbeille de pain déborde, les cornichons se ramassent à la pelle, et devant la générosité des quantités servies, on propose à nos voisins de partager notre pique-nique. On rencontre alors l'un des piliers du quartier, Daniel, presque 70 ans, un gentil bonhomme qui vit rue de Crussol depuis une quarantaine d'années. Pendant que l'on refait le monde (et l'histoire du 11e), on salue une voisine à son balcon qui s'empresse de nous rejoindre pour boire avec nous un petit canon.
Et puis, tout naturellement, on dépose sur notre table une généreuse et odorante assiette de couscous. « Ah, vous ne saviez pas ? Le vendredi, c'est couscous gratuit. » Non, on se savait pas, et on ne se doutait pas non plus que l'Embuscade, ce ne serait pas de celles qui vous enivrent jusqu'aux petites heures du jour, mais plutôt de celles qui vous font aimer un bar, son quartier et ses habitants. Hey, darling, on déménage quand ?