Ah, les mystères de la limonade… Pourquoi certaines adresses, dès l’ouverture, ne savent pas quoi faire de leur cool alors que d’autres galèrent à sortir de l’anonymat ? Prenons Mishmish (abricot en arabe… faites ce que vous voulez de cette info), un rade qui, sur le papier, ne part pas avec tous les atouts : pas de licence IV, une carte certes naturophile mais plutôt ramassée pour un bar à vin (11 blancs, 11 rouges, trois oranges et peu de surprises) ; pas d’assiettes cuisinées (on grignote de la terrine ou de la saucisse sèche du Perche) et des tauliers, Zacharie Rabehi et Sarah Fruteau de Laclos, qui n’ont pas remporté le championnat de la gouaille…
Et pourtant ! La petite salle minimale carrelage blanc et néon rouge, sorte d’antichambre berlinoise, ne désemplit pas. Même un lundi soir ! Voilà le rendez-vous évident de tous les trentenaires du quartier qui viennent débriefer les nuits du week-end en vidant une bouteille de Livia de Bouju (38 €) ou de “C’est à siroter près de chez vous” d’Aline Hock (31 €).
A partir du jeudi, on fait de la place sur la desserte en inox pour poser deux platines et un DJ derrière. Autour de l’îlot central, ça s’enjaille sévère jusqu’à des minuit-trente !
Au sous-sol planque une sorte de studio témoin d’un étudiant fauché – moquette carmin, siège fatigué, platine à dispo et collection de vinyles diggés par Big Smile Bazaar (plutôt funk et discoïde) à vendre – où peuvent migrer les DJ selon l’humeur des patrons. Imperméable à toute classification, ce Mishmish ne mérite qu’une chose : que vous alliez boire par vous-même.