Il nous aura fallu grimper jusqu’aux Batignolles pour manger espagnol ! Au rez-de-chaussée de la Maison Eugénie, le groupe hôtelier Machefert (1K, Kube…) a eu la bonne idée de planter un resto-bar à tapas hispanique, histoire de rester dans le thème – Eugénie de Montijo, l’épouse de Napoléon III, avait la réputation d’apprécier le vino tinto et la bonne chère. Ce qui saute aux yeux dès l’entrée, c’est ce splendide vitrail luminescent signé Margarita Dyukar surplombant le comptoir marbré duquel fusent olives ibères, amandes, pintxos…
Mais c'est sous la véranda aux murs en azulejos émeraude et suspensions en osier que l’on revisite notre répertoire transfrontalier avec du jambon ibérique bellota Cinco Jotas suintant à souhait, des moules à l’escabèche, des impeccables gambas ail-citron, le tout accompagné de pan con tomate – malheureusement trop loin du vrai pan de coca pour être crédible. Sinon, le midi, quelques salades méditerranéennes font la nique aux tapas, comme celle méli-mêlant pois chiches, oignon, poivron rouge, coriandre fraîche et huile d’olive. Para beber, une carte pléthorique de vins sudistes et naturels vantés par l’excellent Jose González (ex-Brindisa à Londres), alternant domaines reconnus (Clos Lentiscus 2017 à 45 €) et crus confidentiels (macération de Ségovie de la bodega Gipsy à 9 € le verre).
Bref, on se laisse facilement emporter au rythme de La Oreja de Van Gogh dans cette bodega 2.0 à la déco léchée et au service affable. Mais qui mériterait, peut-être, qu’on y parle un peu plus fort et qu’on y renverse un peu plus de rouge sur les tables.