Le Trochon ne brûle pas, il flambe ! Eric Trochon, chef étoilé dans son restaurant Solstice et Meilleur Ouvrier de France 2011, met la main au feu chez Otto avec une ribambelle de petites assiettes bronzées par un binchotan incandescent – le BBQ japonais. Si l’on ne croisa pas le maître des grillades ce soir-là, les associés dans l’affaire – Stéphane Offner (ancien directeur de Juice Lab) et Tony Alvarez-Parage (ex-Vin qui Danse aux Gobelins) – nous accueillaient tout sourire dans ce lieu hybride entre l’izakaya moderne, le bar à cocktails branchouille et le bistrot vineux, où il est possible de tapasser de bons moments (et jusqu’à 23h30) sur le comptoir cuivré à l’entrée, devant la cuisine accoudé au bar boisé au milieu, ou assis sur banquettes jaune-nitamago au fond.
A la carte, on piochait pêle-mêle de libidineux beignets de patate douce, noisettes torréfiées et sauce crémeuse à la cannelle, du saumon gravelax mariné à la betterave – franchement pas instagrammable mais vraiment réussi –, et des brochettes nippones flashées minute au BBQ et à la cuisson nickel (bravo !). Parmi elles, cœurs de canard rosés dopés à la sauce diable, filet de daurade (peau grillée, chair bien moelleuse) et condiment citron, encornets fondants. Avant une épatante crème brûlée au miel.
Côté liquides, de quoi se poivrer le moulin avec un peu de tout : bières artisanales (pale ale de la brasserie Nuka à 7 € les 33 cl), sakés (junmaï Kirinzan Mellow à 14 € le verre), cocktails ou vins naturels savamment castés, comme ce limpide Fleurie 2018 cuvée Greta Carbo de Marc Delienne (62 €). Alors, on pourrait épiloguer sur les prix, sur les portions riquiquis (qui obligent à tabler sur quatre assiettes)… Mais on a préféré se laisser entraîner par cette alliance entre le foutraque et le touchant, dans une atmosphère insolite et séduisante portée par les deux habiles tauliers.