Comme la vie est bien faite. Quand Justine Priot cherche le nom de son lieu, posté à un jet de gnocchi de Passerini (où officie son Giovanni d’époux), Passerina éclot (et il se trouve que c'est aussi un nom de cépage) ! Pour une cave à manger, avouez qu’on frise la perfection patronymique. D’une façon générale, côté perfection, Passerina joue les gros cumulards. Pour commencer, voilà un endroit où la playlist enchaîne Todd Terje, Underworld et New Order histoire de lever le coude décontracté des tympans. Si on a la guinchette facile, difficile de rester vissé sur son tabouret. Ça tombe bien, la salle moderniste, mouchetée de mosaïques en travertin (et non pas de crozets de Savoie), avec sa grande table haute et son comptoir en palissandre, pousse à circuler et causer avec les voisins un verre à la main.
Y a quoi dans ce verre ? Des bijoux majoritairement transalpins, souvent jurassiens, mais toujours sulphitophobes comme ce lumineux (et confidentiel) arbois-pupillin de Julien Mareschal, vivace blanc piémontais Cascina degli Ulivi (39 € la bouteille), ou le très accorte auvergne rouge Le Matos de Mattia Carfagna (32 €). Tout cela convole en justes noces avec des balles de petites assiettes : démente brandade de haddock à la purée de pois chiche (12 €), puissant consommé de canard où mouillent de moelleux canederli (12 €) ou bombe de baba au rhum (6 €). Et on fait le pari que le risotto minute proposé à la cantonade juste avant la fermeture de la cuisine va devenir une tradition. Bref, des bons pifs, des bons plats, une bonne ambiance. Oui, la vie est bien faite.