Entre les icebergs des ambassades et les navires amiraux du luxe à la française, le Marquis, discret cinq-étoiles, cabote tranquillou, sans faire de vagues, dans son coin de 8e. Le bar, vestibule chic du restaurant japonisant de la paire Benjamin Patou et Romain Costa, a le bon goût d’être quasi confidentiel. Une parenthèse classieuse et feutrée, sous les radars, où l’on vient s’échouer serein et loin de regards.
Contrairement à ce que son blaze kurosawesque pourrait laisser penser, le lieu n’est pas nippé nippon, mais mélange moderne et moulure. Là, un massif lustre Murano ; ici, une longue banquette en velours bronze ; là, des bougies et des colonnes qui auraient vu passer Lafayette. Le tout dans une bande-son ouateuse de reprises électronisantes.
Au bar, Emanuele Capone (ex-Manko) a abandonné l’uniforme coquelicot de l’hôtel, qui vous fait ressembler à un Spirou caréné par Mugler, mais garde le shaker alerte et envoie des verres aussi équilibrés qu’un katana Hanzo. Superbe, fruité mais pas sucré, ce Petit Cul De Sac (19 €) qui mélange vodka, ananas frais, citron, liqueur de chocolat blanc et fève de tonka. Ou ce Negroni (17 €) bien à l’est avec son saké infusé à l’aneth. Avant de partir, allez donc faire un tour aux toilettes pour admirer la geisha en néon qui joue les dames pipi. Ce n’est pas le titre d’un roman d’Anna Gavalda, mais une œuvre de Julie Gauthron.