Bonne nouvelle, la France n’est apparemment plus en crise. Comme les gens ne savent plus quoi faire de leur argent, le Skybar de l’hôtel Pullman s’autorise des libertés qui feraient toussoter un fiscaliste monégasque. Les clients doivent en effet dépenser au moins 50 (CINQUANTE !) euros par tête. Oui, boire un coup avec votre date, bim : 100 € minimum. Et, attention, même si vous êtes prêt à payer cette somme démente, le souriant cerbère peut vous recaler au cas où votre accoutrement ne serait pas assez chic pour le lieu. Après avoir validé avec la commission de surendettement et la fashion police du 14e, nous avons pu tester cette terrasse qui s’impose de la tête et des épaules comme la plus hors de prix de Paris.
Bilan : rien ne va. Certes, la vue depuis le 32e étage caresse la rétine. La tour Montparnasse pulse à un jet de lingot, la tour Eiffel surveille le ciel comme Bercy les non-imposables… Mais sur la petite terrasse bizarrement déserte en ce jeudi soir, le service se montre plus lent qu’un sénateur asthmatique. On attend pour la carte, pour commander, pour les verres, le tout sous une épuisante playlist « 100 % hits électro » déroulée par une DJ.
Avec notre billet de 100 à cramer et la cuisine fermée – tant pis pour les trois gyozas à 18 € –, il va falloir écluser au moins cinq verres à deux (21 € le cocktail avec ou sans alcool, c’est plus simple pour la compta). On a un problème : ce n’est pas bon. Le Levitation accumule les ingrédients à la mode (umeshu, verjus, tonic au yuzu) mais n’arrive pas à décoller au-delà de l’eau sucrée ; le Supernova (eau-de-vie de cidre, St-Germain, vermouth, sirop de champagne) s’enlise dans le sureau… « On veut profiter de vous au maximum », lance candidement le serveur. On ne saurait mieux dire.