Si l'on en croit Winston Churchill : « Le gin et le tonic ont sauvé la vie à plus d’Anglais que tous les médecins de l’Empire. » Ca tombe bien parce que nous autres Français cherchons également la cure idéale pour soigner nos maux du samedi soir. Et voilà qu'un jour, on nous parle d'un tigre. Nous on pense tout de go « baume du tigre ». Et puis, on nous parle de gin, alors on se rend rue Princesse pour goûter par nous-même à cette médecine douce.
Le Tiger est un endroit magnifique : des carreaux de mosaïques bleues, des tapisseries à motifs végétaux, des parois en bois ajourées pour séparer les trois demi-niveaux du bar, de la mezzanine et du souplex. Ca en jette. Mais les baffles aussi en jettent, et là on parle bien de décibels. Vous vous retrouvez à mimer au bartender votre commande en espérant qu'il sache lire sur les lèvres ou qu'il ne souffre pas de problèmes de vue quand vous brandissez la carte à deux mètres de ses yeux. Pas le meilleur endroit pour refaire le monde avec ses amis... A moins que vous n'ayez rien à leur dire ! Et à en juger par la faune qui peuple cette jungle du 6e arrondissement, personne ne semble s'être lancé dans de grands discours à la Churchill !
Arrivent les gins tonic : un Tanqueray Tonic (gin Tanqueray, zeste de citron jaune, romarin, tonic maison, 12 €) et un Gin Tonic Normand (gin Christian Drouin, pommes infusées au calvados, tonic maison, 14 €). Les sympathiques bartenders réalisent un joli ballet de gestes mesurés, couronné par un superbe final pyrotechnique : l'allumage au chalumeau de notre branche de romarin. Du personnel expérimenté, du gin de qualité, avec tout ça, on s'attendait à un feu d'artifice en bouche, et là, c'est la déception. Le gin est noyé dans les glaçons, les parfums sont quasi-inexistants et quid du romarin ? La seule odeur de romarin présente est celle de la branche qui fume encore dans notre verre. Si la Normandie s'en sort un peu mieux, le résultat reste malgré tout bien en-deçà de nos attentes, dommage. Peut-être faudra-t-il opter la prochaine fois pour l'un des dix autres cocktails à base de gin présents à la carte (de 12 à 17 €) ? De quoi (se) siffler un petit "Jean Genie" à l'occasion !