Depuis la mort de Dick Rivers, votre âme de rocker nihiliste patauge en plein spleen ? Vous vous désespérez de trouver un lieu où le goût de la bière et de l’exploration sonore se marient à une volonté farouche de s’asseoir – en slip de cuir – sur le nez de la culture de masse ? Reprenez espoir (à défaut d’un cachet de speed), ressortez votre chemise en satinette noir Satan et remettez du khôl charbon ; direction le Tony, l’antre la plus alternativo-vénère de Paris. Cet ancien comptoir Gallia a été repris par Alexandre Gain, ouvreur de squats en série (la Clef notamment) et pote de Jacques, le bricolo électro, qui démoule un lieu franc du collier (à clous) sur ses intentions : on n’est pas là pour siroter des cocktails au verjus en écoutant Polo & Pan.
Sur le comptoir en béton brut, ambiancé par Sleaford Mods ou Dancing Plague, on sert des pintes de blonde (5 €) ou un gin-to (7 €) en attendant le concert (vendredi et samedi) qui va occuper l’arrière-salle. La prog cornaquée par Paul Loiseau (qui sert aussi les verres), David Siink et Victor Barancy navigue dans les méandres furibards et fuligineux des scènes noisy/garage/darkoïd/électronique (notamment issu du label maison Vorota). Bref, ça ne rigole pas, ça torture machines, instruments et cordes vocales mais ça change. Une exploration musicale à prix et attitude libre qui attire toute la frange alternative de Paris (quand elle ne traine pas à la Station). Le Tony organise aussi des ventes de magazines fetish, des projections de films chelous ou des lectures de poésie possédées (certains dimanches). Bref, cinquante nuances de contre-culture qui font de Tony un lieu précieux comme un diamant noir.