La déferlante de la hype japonaise (si seulement il y avait un mot japonais pour raz-de-marée…) n’en finit pas de se répandre dans les rues de Paris. Après les izakayas canailles et les comptoirs à sushis carénés comme des galeries d’art, voilà que les bars à cocktails audiophiles, inspirés des jazz kissa tokyoïtes, poussent comme des champis après la pluie.
Dans la lignée du bien-aimé Fréquence, Wax, première affaire minimale (murs gris béton, chaises Piretti) ouverte par deux vingtenaires, se dote d’un système-son mafflu sorti des ateliers Palladium Audio (le son de Bambino, c’est eux) flanqué de platines vinyles afin de donner aux oreilles des clients un orgasme hi-fi analogique. Mais le duo de tauliers, Oswald Itzicsohn et Pierre Halpern, n’a pas l’intention de rester dans les eaux tranquilles du jazz et passe les platines à des collectifs clairement techno, histoire de mouiller le maillot passé 22h.
En MC des shakers, David Bakra, venu de feu Lulu White, propose une carte 100 % inédite présentée comme une symphonie, avec des saveurs qui montent en complexité façon gamme chromatique. Si l’on y entend une fausse note (un twist déséquilibré de margarita au yuzu chapeauté de tabasco), le reste propose du très bon comme ce noir Triton (rhum, encre de seiche, thym, yuzu pimenté) malin et salin, ou le Crescendo, version arachnéenne du Bloody Mary clarifiée et aux touches de cumin. La grignote se montre pour l’instant réduite (un honnête croque), mais promis, un cuisinier est attendu.