Meilleur acteur

Qui est nommé ?

Jean-Pierre Bacri dans ‘Cherchez Hortense’, Jérémie Renier dans ‘Cloclo’, Jean-Louis Trintignant dans ‘Amour’, Patrick Bruel dans ‘Le Prénom’, Denis Lavant dans ‘Holy Motors’ (photo), Vincent Lindon dans ‘Quelques heures de printemps’, Fabrice Luchini dans ‘Dans la maison

Qui est favori ?

Jean-Louis Trintignant, parce qu’après un Bafta londonien et une nomination aux Oscars pour Emmanuelle Riva, on se dit bien qu’il mérite lui aussi un prix ! Prenante et digne, sa composition dans ‘Amour’ n’a rien à envier à celle, plus distanciée, de sa complice : là où Riva, par sa voix neutre et parfois théâtrale, rappelle le recul critique du Nouveau Roman (Resnais et ‘Hiroshima mon amour’), Trintignant sait jouer de mille-et-une nuances, entre colère, stoïcisme, impatience, abnégation, avec une proximité étonnante – par exemple, il peut vous paralyser rien qu'en essayant d’attraper un pigeon… Argument supplémentaire, seul ce scénario parvint à le faire sortir de sa retraite : un tel pot de départ pour une telle carrière, voilà qui parvient même à éclipser la performance de son seul véritable concurrent potentiel, le réjouissant et multitâches Denis Lavant de ‘Holy Motors’. Ou alors, à la limite, pourquoi pas un exceptionnel double prix d’interprétation masculine ?

Césars 2013

Les films en course et les favoris, en attendant la cérémonie du 22 février

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Nos critiques des films sélectionnés

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Les Adieux à la reine
Les Adieux à la reine
Il est étonnant de constater le hiatus entre les éloges quasi unanimes de la critique à l’égard des 'Adieux à la reine' de Benoît Jacquot et les fortes réserves émises par le public. Divorce consommé entre « vrais gens » et intellectuels pédants ? Fossé habituel entre esthètes un peu prétentieux et audience avide de divertissement ? Ces couples d’opposition tiennent du cliché facile, mais la différence entre les deux jugements prouve qu’il existe toujours un décalage entre le public et les journalistes à propos du cinéma français. Pourtant, les 'Adieux à la reine' procure un véritable plaisir au cinéphile, en dépit de quelques tics susceptibles de crisper certains spectateurs. L’aspect décalé, presque grotesque, de deux ou trois séquences, comme la chute de Léa Seydoux courant dans les couloirs de Versailles, ou bien l’étreinte un brin surréaliste de Marie-Antoinette et Gabrielle de Polignac face aux courtisans, pourront au choix agacer ou ravir. Une chose est certaine, ces scènes donnent au film un vrai relief qui le fait échapper au canon du genre historique à la française, soit trop outrancier ('La Reine Margot') soit trop convenu ('Ridicule'). Ici, la mise en scène nous immerge totalement dans un quasi huis-clos à l’intérieur du château, où l’aristocratie sombre vite dans la paranoïa face aux événements de la Révolution française. Cette dernière n’est donc pas directement figurée à l’écran, mais chuchotée comme un secret terrible, entendue dans un pamphlet lu à haute voix
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Amour
Amour
‘Amour’ est un film poignant, dévastateur et juste : huis clos sur un couple d’octogénaires, Georges et Anne (superbement interprétés par Jean-Louis Trintignant et Emmanuelle Riva), face à la mort et au déclin physique. Mais enfin, c’est surtout un film sur l’amour (bien vu), dans ce qu’il a de moins niais, de plus viscéral ; la question étant, au fond : peut-il tenir à hauteur de la mort ? Or, Haneke répond par l’affirmative. Et disons-le tout de suite, ça dessèche la gorge, d’autant plus qu’il n’y a pas une once de pathos. La profonde simplicité de son motif, alliée à la réalisation au couteau du grand Autrichien – à coups de plans fixes précis, avec un beau sens des volumes, et d’une utilisation virtuose du hors-champ – fait de ce film un choc autant esthétique qu’émotif. Hors du couple, à peine quelques intervenants : leur fille (Isabelle Huppert, parfaite comme à son habitude), un ancien élève (le pianiste Alexandre Tharaud dans son propre rôle), ou le couple de gardiens de l’immeuble parisien où logent Anne et Georges. Avec, au centre, leur corps-à-corps avec la mort. On n’en dira davantage, afin d’éviter de gâcher quoi que ce soit de ce film au scénario minimal, mais précisons que ce qui fait de cet ’Amour’ une œuvre incomparable, c’est qu’une nouvelle fois (après ‘Le Ruban blanc’ en 2009), Haneke laisse derrière lui la violence de ‘Funny Games’ ou de ‘La Pianiste’ pour s’attacher à une élégie de la douleur sobre, sincère. ‘Amour’ a beau ne fermer les yeux sur rien, il
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Camille redouble
Camille redouble
Voici enfin une comédie française tout public, drôle, sincère, pétillante et bien ficelée : autrement dit, 'Camille redouble' nous change des habituelles enfilades de gags frelatés, négligemment reliés les uns aux autres par une indigeste bouillie scénaristique et interprétés par des comiques tout juste sortis d'une émission de Canal +. Enfin, donc, une comédie made in France qui ambitionne autre chose que se moquer des beaufs, tout en leur servant une soupe honteusement populiste ('Bienvenue chez les Ch'tis', les films d'Onteniente…), et qui, par sa douceur et son imaginaire, parvient même à rappeler le meilleur de certaines comédies fantastiques : qu'il s'agisse des immanquables 'Retour vers le futur' (Robert Zemeckis), 'Un jour sans fin' (Harold Ramis), ou, côté français, 'Je t'aime je t'aime' d'Alain Resnais.Après une cuite véritablement épique à la fin des années 2000, Camille, la quarantaine (Noémie Lvovsky, également co-scénariste et réalisatrice du film), se réveille en 1985 : elle a 16 ans, et c'est la veille de la rentrée des classes. A première vue, l'histoire en rappelle une autre (Marty McFly, es-tu là ?), sauf que, contrairement au héros de Zemeckis, Camille se fout comme de sa première culotte du continuum espace-temps, et va plutôt tout faire pour changer son destin, manifestement placé sous le signe de la grosse lose – bref, éviter de se retrouver quadra alcoolique en plein divorce, telle qu'elle apparaît dans les premières séquences du film. Mais au lieu de
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Cherchez Hortense
Cherchez Hortense
Inconfortable de parler du dernier Bonitzer. D'abord, il faut aimer l'animal, ses intrigues intello-sentimentales, et ne pas rechigner devant une bonne dose de psychanalyse. Damien (Jean-Pierre Bacri, juste et touchant), spécialiste de la civilisation chinoise et consultant auprès de gros chefs d'entreprises, est embarrassé : pour satisfaire une requête de sa femme (Kristin Scott Thomas), il doit demander à son père, membre du Conseil d'Etat (Claude Rich, délicieusement perché), d'intervenir sur le dossier d'une jeune sans-papiers (Isabelle Carré). Evidemment, ce père, Damien n'a jamais réussi à lui dire un mot.Ainsi, le titre du film a beau sonner comme une référence à Rimbaud et à son poème 'H' (« Ô terrible frisson des amours novices sur le sol sanglant et par l'hydrogène clarteux ! Trouvez Hortense »), ce sont manifestement des eaux freudiennes qui baignent ce film – n'ayant, il faut dire, pas grand-chose d'un bateau ivre… En fait, on pourrait même dire qu'il navigue à peine. Il flottille. Assez vite, on se fiche d'ailleurs pis que pendre des ressorts scénaristiques, les séquences s'enchaînant selon un schéma largement attendu, pendant que la mise en scène, d'un classicisme achevé, évoque irrésistiblement un jardin à la française. Bref, voilà un long métrage cultivé, distingué, où les dialogues se révèlent savoureux et les personnages sympathiques, y compris les seconds rôles – parmi lesquels Jacky Berroyer en dépressif borderline… Et pourtant, ça n'avance pas. Chacun err
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  • 4 sur 5 étoiles
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De rouille et d'os
De rouille et d'os
Succéder à ‘Un prophète’ n’était pas chose évidente, et malgré l’appréhension légitime qu’on pourrait avoir à retrouver Marion Cotillard, ‘De rouille et d’os’ s’en tire plus qu’honorablement. En fait, on découvre même qu’au naturel, l’Edith Piaf outrancièrement grimée de ‘La Môme’ a un physique intéressant. Pas exactement belle, Cotillard a un visage presque banal (qui convient parfaitement au réalisme acharné d’Audiard), qu’elle sait rendre étonnamment expressif et touchant. Ici, elle interprète Stéphanie, dresseur d’orques au Marineland d’Antibes, qui, blessée pendant un spectacle, se retrouve amputée de ses deux jambes. Pas glop… mais première réussite du film : Audiard évacue tout pathos évident en enchaînant rapidement sur sa relation avec un père célibataire, Ali (Matthias Schoenaerts), d’abord videur de boîte de nuit puis boxeur clandestin, paumé avec son fils, Sam. Cotillard et Schoenaerts jouent parfaitement juste – tout comme les orques, d’ailleurs – et leur histoire d’amitié et de sexe fait d’eux un duo crédible et émouvant, qui rappelle assez celui de Vincent Cassel et Emmanuelle Devos dans ‘Sur mes lèvres’ (2001). On le sait, Jacques Audiard a une patte, des thèmes (la marginalité latente, l’illégalité, le handicap, la rédemption) et un style où les mouvements de caméra savent être vifs, urgents, et en même temps précis au millimètre, les acteurs surprenants et convaincants, le scénario à la fois riche et sec (rien n’y est inutile). Où tout concourt à un réalisme
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Duch, le maître des forges de l'enfer
Duch, le maître des forges de l'enfer
Interview d'un tortionnaire. Kaing Guev Eav (alias "Duch") dirigea la prison S-21, camp d'extermination de masse du régime khmer rouge, qui soumit le Cambodge de 1975 à 1979 et en décima un quart de la population. Oui, un quart. Face caméra, il revient sur l'organisation de Pol Pot, sur ses méthodes de torture, ses purges massives… Evidemment, sa justification, classique des bourreaux – au moins depuis Eichmann – est de ne constituer qu'un rouage au sein d'une administration plus large, sur laquelle il n'aurait eu prise. C'est vraiment facile ; mais au fond cohérent avec n'importe quel système visant à nier le libre arbitre au profit d'une idéologie. A l'origine, Duch était un mathématicien extrêmement cultivé. On le voit d'ailleurs réciter des poèmes d'Alfred de Vigny dans un français impeccable, causer philosophie et citer Balzac (« Les régimes périssent, les gouvernements passent, la police est éternelle »), ou encore lire… Stéphane Hessel ! Sans déconner. A côté de ça, il raconte avoir disséqué une femme vivante. Bref, c'est à vous filer le tournis. Comme s'il y avait dans ces images un désaveu commun de la pensée et du langage : la philosophie accouchant de monstres et des poèmes débouchant sur un charnier. Cette réflexion du film, sur le pouvoir des formes idéologiques, est parfois vertigineuse. La mécanique totalitaire s'y révèle, où la perversité systématique paraît constituer une logique aussi solide que terrifiante. Ainsi, tout en demandant pardon, Duch reconnaît –
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Holy Motors
Holy Motors
Treize ans après ‘Pola X’ (et plus de vingt après ‘Les Amants du Pont-Neuf’), Leos Carax nous est revenu avec un nouveau long métrage, ‘Holy Motors’, trip surréel et baroque, souvent jubilatoire, où son acteur-fétiche, l’étrange et poétique Denis Lavant, interprète un certain Monsieur Oscar. Oscar, comme son nom le laisse entendre, est une métaphore vivante du cinéma, dont le film suit une journée et une nuit au gré de ses métamorphoses. Une dizaine de rôles à tenir, pour lesquels le fantastique Lavant/Oscar se grime à l’arrière d’une limousine. Et l’occasion pour Carax de jouer avec les genres et de multiplier les clins d’œil à Franju, Jean Seberg (à travers une Kylie Minogue étonnamment réjouissante, chantant une superbe chanson de Carax et Neil Hannon dans les décombres de la Samaritaine), voire à ‘Tron’, ainsi qu’à ses propres films – Lavant reprenant notamment le personnage de Merde, qu’il incarnait déjà dans le segment réalisé par Carax du film ‘Tokyo !’ en 2008. C’est virtuose, parfois hilarant, toujours ingénieux, et un formidable chant d’amour blessé pour le cinéma et son histoire. Mais c’est aussi un film spectaculaire et d’une légèreté crado et réjouissante, où les noms sur des pierres tombales se trouvent remplacés par des adresses web (et la mention « visitez mon site »), et où l’on peut flinguer sans autre forme de procès un banquier à la terrasse du Fouquet’s. Sarcastique et violent, cultivé et déviant, ‘Holy Motors’ est un vrai plaisir. Et sans aucun doute l'u
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Journal de France
Journal de France
Difficile de résumer l’ampleur de l’œuvre de Raymond Depardon, cinéaste, photographe, fondateur et directeur de Gamma, voyageur, journaliste… Qu’il sillonne les campagnes françaises (‘Profils paysans’), décortique le travail quotidien de la justice (‘10e chambre, instants d’audiences’), d’un asile psychiatrique (‘San Clemente’) ou les stratégies de conquête du pouvoir politique (‘1974, une partie de campagne’ – sur un Giscard candidat à la présidentielle qui, fraîchement élu, en interdira la diffusion), toujours Depardon impressionne par la pertinence éthique de son regard. Plus concrètement, le dispositif du film, juste et touchant, fait alterner deux espaces-temps. Le premier : des séquences où Depardon photographie, au jour le jour, des villages de France, avec un appareil à plaques argentique antédiluvien. Devant la caméra, sa parole est profonde, directe, et laisse de l’espace au regard, à la réflexion du spectateur. Souvent, cet héroïsme humble et contemplatif de Depardon lui confère une admirable manière d’aller au fond des choses – c’est-à-dire, au sens propre, à leur matérialité. L’autre partie du film, enchâssée dans ce documentaire sur le photographe, consiste en un montage de rushes accumulés par Depardon-cinéaste depuis 1969. Cette sélection d’extraits inédits, il l’a confiée à Claudine Nougaret, sa compagne et ingé-son depuis vingt-cinq ans. Comme on pouvait s’y attendre, ces fragments oubliés se révèlent très riches. Par leur variété, leurs thèmes, leurs mouvem
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Louise Wimmer
Louise Wimmer
C'est à un jeune réalisateur français, Cyril Mennegun, que l'on doit ce film social, sobre et réaliste, suivant la vie intime et affective d'une femme entre deux âges, aux marges de la société contemporaine. Corinne Masiero y joue Louise, une femme divorcée qui ne parvient plus à joindre les deux bouts, travaillant comme femme de ménage, réduite à vivre dans sa voiture. Bien qu'assez familière, l'intrigue de 'Louise Wimmer' est servie avec authenticité et courage, à la fois par son interprète principale et sa mise en scène. En outre, la frontière poreuse entre un simple « coup de main » et l'exploitation de personnes socialement vulnérables est un des thèmes pertinents de ce film qui, sans être vraiment original, n'en est pas moins pleinement actuel.
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  • 4 sur 5 étoiles
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Rengaine
Rengaine
Saisissant, pertinent et drôle, ‘Rengaine’ est un bol d’air filmique d’une heure et quart, librement improvisé à travers Paris, cheap et réussi. Tourné et monté sans financement sur une période de neuf ans, le premier film de Rachid Djaïdani s’affirme direct, brut. Ici, pas de beaux travellings, de satisfactions esthétisantes : la caméra gigote en permanence, certains plans sont filmés au téléphone portable ; seuls la dynamique, le mouvement, l’imprévu comptent. Transposant le thème de ‘Roméo et Juliette’ dans le Paris-Nord d’aujourd’hui (en gros, le triangle Pigalle-Les Halles-Stalingrad), filmé avec une authenticité souvent bluffante, ‘Rengaine’ a des airs de conte, de Shakespeare version Seine-Saint-Denis opposant deux familles – et avec elles deux communautés : africaine et maghrébine – autour du couple formé par Dorcy (Stéphane Soo Mongo), jeune acteur noir, et Sabrina (Sabrina Hamida), jolie musulmane qui refuse de se soumettre à la tradition incarnée par son grand frère, Slimane (Slimane Dazi). « Le cinéma c’est de la vie, pas de la fiction », balançait le réalisateur – par ailleurs romancier, ancien champion de boxe et comédien pour Peter Brook – à l’avant-première de son film. Effectivement, c’est bien la vie, au fond, ici et maintenant (Paris, début du XXIe siècle), que celui-ci creuse. Esquivant avec humour l’artificielle linéarité d’un récit classique, ‘Rengaine’ parvient à capter des moments saisissants de réalité, à travers des fragments d’existence trop peu vus

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