La Grande Bouffe
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Quand le repas tourne à l'aigre : les pires scènes de dîner au cinéma

Repas de zombies, embrouilles familiales, plats immangeables... Découvrez notre sélection de films à voir la bouche pleine.

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En prévision des festivités de faim d’année, et en attendant la réouverture des restaurants, Time Out Paris a décidé de vous régaler en vous mitonnant une petite sélection autour d’un grand classique du cinéma : les scènes à table. Pour ce faire, on a réduit le spectre (oui oui, on n’est pas fous) en se limitant aux pires repas… Ou quand le dîner tourne à l’aigre ! Des gueuletons à la casbah ou au restaurant, fastueux ou carrément modestes… Sombres, chelous ou tristement drôles, voici nos préférés. A streamer jusqu’à la boulimie !

Les pires dîners au cinéma

Indiana Jones : Temple maudit

De Steven Spielberg, avec Harrison Ford, Kate Capshaw, Jonathan Ke Quan et Amrish Puri.

Pour évoquer les pires scènes de dîner au cinéma, il convenait évidemment de commencer par cette célébrissime scène d'Indiana Jones et le temple maudit. Sans être le meilleur épisode de la franchise (honneur qui revient davantage aux Aventuriers de l'arche perdue ou, plus encore, à Indiana Jones et la dernière croisade), ce Temple maudit regorge tout de même de quelques moments de bravoure, dont ce repas, inquiétant et comique, où des serpents éventrés côtoient des cervelles de singe à la table d'un très jeune maharadjah. Pour l'anecdote, bien que Steven Spielberg lui-même ait reconnu que cet épisode n'était pas le meilleur de sa série, il y rencontra tout de même sa future femme, l'actrice Kate Capshaw – qu'on voit ici violemment tourner de l'œil. Bon apéritif !

Le Fantôme de la liberté

De Luis Buñuel, avec Monica Vitti, Jean-Claude Brialy, Michael Lonsdale et Jean Rochefort.

Les scènes de dîner ont très souvent joué un rôle central dans les films de Buñuel : par exemple dans L'Ange exterminateur, où les invités d'une réception se retrouvent dans l'impossibilité irrationnelle d'en quitter les lieux, ou dans Le Charme discret de la bourgeoisie, dont les protagonistes ne parviennent jamais à se retrouver pour manger ensemble. Dans cette séquence de son avant-dernier film, l'excellent Fantôme de la liberté, les fonctions d'ingestion et d'excrétion se voient inversées : chaque invité se retrouve ainsi autour d'une table, assis sur des toilettes, où l'on parle aussi sérieusement d'excréments que l'on parlerait habituellement de cuisine. Tordant et pince-sans-rire, le film mérite en outre d'être vu pour son casting parfait : Monica Vitti, Jean-Claude Brialy, Michael Lonsdale, Jean Rochefort, Michel Piccoli ou Paul Frankeur. Miam !

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Que la bête meure

De Claude Chabrol, avec Michel Duchaussoy, Jean Yanne et Caroline Cellier.

Génial thriller psychologique et policier, où un écrivain pour enfants (Michel Duchaussoy) enquête sur un chauffard ayant tué son fils avant de prendre la fuite, Que la bête meure est sans aucun doute l'un des plus grands films de Claude Chabrol, qui offre là à Jean Yanne l'un de ses premiers grands rôles au cinéma – deux ans après le destructeur et nihiliste Week-end de Godard, qui le destinait déjà à un beau rôle d'ordure phallocrate. Chez Chabrol, le personnage de Jean Yanne, Paul, explose comme un odieux sommet de beaufitude décomplexée. Grossier, méprisant, misogyne, l'acteur excelle à donner corps à cette caricature acerbe d'arrogant bourgeois, sûr et fier de lui-même, à travers une performance à la fois jouissive et glaçante. L'extrait suivant, scène de dîner bien gênante comme les affectionnait Chabrol, reste un modèle du genre.

La Grande Bouffe

Avec La Grande Bouffe, on peut dire qu'on passe ici définitivement aux plats de résistance – et au pluriel, s'il vous plaît. Intello, vorace, désespérément scato, le film de Marco Ferreri (son plus populaire et notre préféré avec Dilinger est mort, très beau one-man show de Michel Piccoli), scandale au Festival de Cannes 1973, suit quatre hommes d'âge mûr bien décidés à se suicider par overdose de bouffe. Marcello Mastroianni, Michel Piccoli, Philippe Noiret et Ugo Tognazzi (impeccable brochette) s'en donnent ainsi à cœur joie, dans ce long seppuku gastronomique où la mort se profile à grands coups de flatulences et de répliques mémorables, telles : « Mange encore, mon petit Michel, mange… car si tu ne manges pas, tu vas pas mourir. » Attention à l'indigestion quand même...

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Festen

De Thomas Vinterberg, avec Ulrich Thomsen, Henning Moritzen et Thomas Bo Larsen.

Dans la catégorie « dîner qui tourne mal », Festen place la barre haut, très haut. Difficile en effet de faire plus violent sur le plan thématique. Suicide, haine, pédophilie, inceste : le menu concocté par Thomas Vinterberg avec ce premier film labellisé "Dogme 95" (suivant le manifeste qu'il élabora, notamment, avec cet autre fameux rigolo de Lars Von Trier) se révèle pour le moins épicé. Etant donné que le dîner dure la majeure partie du film, voici donc sa bande-annonce, qui en résume l'atmosphère et laisse déjà présager la chaleureuse ambiance de cette réunion de famille.

Eraserhead

De David Lynch, avec Jack Nance, Charlotte Stewart et Jeanne Bates.

Un premier dîner chez les parents de sa meuf, c'est toujours un peu stressant. Mais alors, chez David Lynch, c'est carrément l'angoisse ! Tirée d'Eraserhead, cauchemar surréaliste et premier long métrage du cinéaste, la séquence ici est une des plus dérangeantes du film – qui en comporte quand même pas mal. Son héros, incarné par Jack Nance, s'y retrouve à devoir découper avec un couteau de cuisine presque hitchcockien un minuscule poulet qui se met bientôt à bouger les pattes en suintant un liquide noir, ce qui semble amener la mère de sa copine au bord de l'orgasme… Sympa, quoi. Ayant initialement reçu une aide à la production de l'American Film Institute, David Lynch présenta cette scène à ses producteurs… Comme on pouvait s'y attendre, ceux-ci ne tardèrent pas à lui retirer sa bourse : le réalisateur dût donc produire lui-même son film, ce qui lui prit cinq ans.

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Le Sens de la vie

De Terry Jones, avec les Monty Python. 

Chez les Monty Python, on saute les amuse-gueule et on passe directement au vomi. Après le miracle de la naissance, la croissance, l’éducation, les combats de jeunesse, le don d’organe et l’âge mur, Le Sens de la vie met les petits plats dans les grands pour honorer le temps béni du troisième âge. Dans ce sketch gargantuesque tiré du troisième long métrage des humoristes britanniques, pas le temps de remercier le Seigneur pour notre pain quotidien. Avant même de s’installer à la table de son restaurant favori de Haute Gastronomie française, l’infâme Monsieur Creosote va droit au but : « Vous feriez-bien d’aller chercher un seau, je vais dégurgiter. » S’ensuit une dégoulinante orgie de bouffe et de dégueulis, au fil de laquelle l'Anglais à la panse monstrueuse s’empiffre sur les savants conseils du maître d’hôtel (un John Cleese absolument savoureux en restaurateur gaulois) tout en repeignant les murs, les nappes et le personnel du restaurant. Au menu : moules marinières, foie gras, œufs Bénédicte, caviar, tarte aux poireaux, cuisses de grenouille, œufs de caille, civet de lièvre à la truffe et au Grand Marnier. Le tout servi dans un seau. Sans oublier les six bouteilles de Château Latour, le champagne et la demi-douzaine de caisses de bière qui vont accompagner cette belle bouillie de raffinement à la française. Puis, c’est l’explosion : le destin de M. Creosote (à lire, peut-être, comme une métaphore absurde des excès de notre chère et vieillissante humanité) se scelle sous une pluie d’entrailles et de bile. Vous l’aurez compris, les Monty Python nous servent-là une farce assaisonnée de dérision britannique à savourer, de préférence, à jeun. Ou comment remettre un peu de gastro dans le sens de la gastronomie.

La Vie d'Adèle

De Abdellatif Kechiche avec Adèle Exarchopoulos et Léa Seydoux.

Quand le cinéma devient une affaire de classe ! On aurait pu citer le tout aussi proustien Titanic (et la cultissime scène où le personnage de Leonardo DiCaprio, issu d’un milieu populaire, se retrouve dans un dîner mondain, paniqué face à une bonne dizaine de couverts), mais on a préféré se focus sur son extrême opposé : une scène plus intimiste dans La Vie dAdèle. Les spaghettis bolo, mitonnés par une famille popu, marquent ici la fracture sociale chère à Chirac. Issue d’un milieu bourgeois, Léa Seydoux, faisant mine, par pure politesse, de kiffer son plat, est servie encore et encore de pastas. Au point d’être proche de l’implosion. Un moment de pure vérité au cinéma : Kechiche demandant à l’actrice de bouffer encore et encore ses bolo sur le plateau. Au point de s’en foutre plein le menton !

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Beetlejuice

De Tim Burton, avec Michael Keaton, Winona Ryder, Geena Davis et Alec Baldwin.

Deuxième long métrage de Tim Burton – et son premier à voir le jour en tant que scénariste et producteur –, ce Beetlejuice de 1988 conserve un charme assez délicieusement vintage. Dans une maison hantée par un couple d'infortunés fantômes, trop gentils pour faire fuir leurs arrogants nouveaux occupants, l'affreux Beetlejuice (Michael Keaton), démon obscène et farceur, vient semer la pagaille. Par exemple, lors de ce dîner où, possédés, les nouveaux riches incarnés par Jeffrey Jones et Catherine O'Hara se mettent à danser sur un mento jamaïcain (genre de musique proche du calypso), chanté par Harry Belafonte... Pas sûr que ça facilite le transit.

C'est arrivé près de chez vous

De et avec Rémy Belvaux, André Bonzel et Benoît Poelvoorde. 

Projet de fin d'études tourné avec trois bouts de ficelle et embardée potache entre potes, le belge C'est arrivé près de chez vous est resté l'un des films francophones les plus cultes des années 1990. Porté par un Benoît Poelvoorde décapant dans sa première apparition au cinéma, faisant preuve d'un humour noir d'une violence inouïe, le long métrage de Rémy Belvaux et André Bonzel comporte quelques scènes d'anthologie, parmi lesquelles le fameux cocktail du "Petit Grégory" (rappel : une larme de gin, une rivière de tonic et une olive attachée à un morceau de sucre) ou cette scène de dîner d'anniversaire, aussi glauque qu'explosive !

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Madame Doubtfire

De Chris Colombus, avec Robin Williams et Sally Field.

Personne n'a oublié la performance d'acteur, à la fois émouvante et tordante de rire, du regretté Robin Williams dans Madame Doubtfire. En revanche, ce dont on se souvient souvent moins, c'est de la présence de l'ancien "James Bond" Pierce Brosnan dans ce film. Loin de la superbe de l'agent 007, celui-ci rencontre ici quelques épineux problèmes de déglutition - heureusement, la nounou la plus cocasse du monde saura bientôt lui prêter main forte.

Frenzy

De Alfred Hitchcock avec Jon Finch, Alec McCowen.

Parce qu’une sélection ciné sans Alfred Hitchcock, c’est comme les frites sans mayo, ça n’a pas de sens, on revient encore et toujours au maître incontesté du suspense. Habitué à caler au beau milieu de ses films une scène explicative pour les spectateurs les moins concentrés (pitié, lâchez ce téléphone), Hitchcock a pris un malin plaisir à s’amuser de ces instants obligés. Comme dans Frenzy, où le cinéaste déplace l’enjeu explicatif vers une autre problématique, plus grande encore : comment le policier va-t-il échapper à cet affreux repas mitonné par sa femme ? Bonus : on offre notre reconnaissance éternelle au lecteur qui reproduira ce qu’elle a bien pu mettre dans ce dégoûtant bouillon de poisson.

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American Beauty

De Sam Mendes avec Kevin Spacey et Annette Bening.

Voila sans doute le film qui consacra définitivement Kevin Spacey comme l'un des plus grinçants acteurs américains, en 1999 (après son beau doublé Usual Suspects et Seven, quatre ans plus tôt, et bien avant ses sombres affaires de viol). Récit du pétage de plomb d'un père de famille attiré par la meilleure amie de sa fille, American Beauty se plaît à décrire la folie derrière l'hyposcrisie des apparences bourgeoises... Notamment à travers cette scène de dîner d'anthologie.

Braindead

De Peter Jackson, avec Timothy Balme, Diana Peñalver et Elizabeth Moody.

Enfin, pour le dessert, si vous avez encore faim, voilà de quoi vous couper définitivement l'appétit ! Car avant d'enchanter le monde avec ses histoires de hobbits et ses effets spéciaux titanesques, Peter Jackson bricola en 1992 ce film d'horreur comique, conçu comme « le plus gore de tous les temps ». Et effectivement, cet hilarant repas de zombies ressemble à une pièce montée on ne peut plus sanguinolente… Avis aux amateurs de fruits rouges… 

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Bonus : Astérix et Cléopâtre

De René Goscinny et Albert Uderzo. 

Enfin, comme en France tout finit par des chansons, et pour conclure sur une note légère, ce titre, tiré du dessin animé Astérix et Cléopâtre sorti en 1968, qui nous nous rappellent, joyeusement, que « le vieux proverbe est changé : on ne mange pas pour vivre, il faut vivre pour manger ! » Ah, quand l'appétit va...

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